1er Mai sous tension : un cercueil et des casseroles pour dénoncer l’« enterrement » des droits des travailleurs
SENTV : Dakar, 1er mai 2025 – La Fête internationale du Travail a été marquée, cette année, par un moment de forte tension devant le siège de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), où le ministre du Travail, Abass Fall, prononçait son discours. Un groupe de manifestants, membres du Rassemblement des travailleurs du Sénégal (RTS), a interrompu la cérémonie en brandissant un cercueil symbolique et en faisant résonner un concert de casseroles.
Le message était clair et visuellement percutant : dénoncer ce que les protestataires ont qualifié de « mort programmée des droits des travailleurs » et alerter sur les injustices persistantes dans le monde du travail sénégalais. Le cercueil, objet de la discorde, a été porté à bout de bras par des syndicalistes en colère, devant un public surpris et une délégation officielle visiblement embarrassée.
Une contestation symbolique et bruyante
Le ministre Abass Fall, présent sur les lieux pour délivrer un message à l’occasion du 1er Mai, a vu son intervention perturbée par cette action coup de poing. Les membres du RTS ont utilisé des casseroles et des sifflets pour couvrir sa voix, dénonçant notamment l’inaction face à des licenciements jugés abusifs, des retards de salaires et l’absence de réponses concrètes à des revendications déposées depuis des mois.
« Ce cercueil symbolise la souffrance des travailleurs abandonnés. Nous ne sommes pas ici pour faire du folklore. Trop de travailleurs vivent dans la précarité pendant que leurs doléances sont enterrées dans les tiroirs du ministère », a déclaré un représentant du RTS, au micro de quelques journalistes présents.
Une tentative d’apaisement du ministre
Visiblement conscient du mécontentement ambiant, le ministre du Travail a tenté de calmer les esprits. « Je comprends votre frustration. Les doléances sont légitimes et nous ne les ignorons pas. Je m’engage à ce qu’elles soient examinées avec rigueur et suivies d’effet », a-t-il assuré, en s’adressant directement aux contestataires.
Il a également rappelé les récentes mesures prises par son département, notamment la revalorisation salariale pour certaines catégories de travailleurs vulnérables et la volonté de renforcer les mécanismes de médiation sociale.
Une fracture persistante entre base syndicale et pouvoir
Cet incident illustre les tensions croissantes entre certaines franges de la base syndicale et les autorités publiques, malgré les discours officiels appelant au dialogue. Si la CNTS a maintenu une posture institutionnelle en accueillant le ministre, d’autres syndicats, à l’image du RTS, expriment de plus en plus leur défiance face à ce qu’ils perçoivent comme un manque de volonté politique réelle.
La mise en scène du cercueil, combinée au bruit assourdissant des casseroles, semble avoir été pensée comme un cri d’alerte adressé à l’ensemble du gouvernement : au-delà des symboles, les travailleurs veulent des résultats tangibles.
Analyse : Le 1er Mai comme baromètre social
Ce 1er Mai 2025 confirme que la fête du travail reste un thermomètre sensible du climat social au Sénégal. Derrière les slogans, les banderoles et les discours, les actes concrets – ou leur absence – déterminent le degré de confiance entre l’État et les syndicats. La scène du cercueil restera, à coup sûr, l’image marquante de cette journée.
La rédaction de la SENTV.info