De la priorité de la mise en place d’une fonction publique territoriale, pour le succès de l’acte iii de la décentralisation

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act 3Il est important « d’intensifier le processus de rénovation et de modernisation de l’Administration territoriale d’État, avec la finalisation et la signature de la Charte de la Déconcentration ».

Mais il ne faudrait pas non plus oublier de réhabiliter, et de rendre justice à une catégorie de braves travailleurs sénégalais sans qui aucun projet de réforme aussi profonde et ambitieuse soit-elle ne peut prospérer et réussir sa mise en œuvre avec succès, surtout pour ce qui concerne l’Acte III de la Décentralisation : les travailleurs des collectivités locales.

Le régime de Me Abdoulaye Wade, avait procédé grâce à l’efficacité du dernier Ministre de la Décentralisation de son gouvernement, M. Aliou Sow en l’occurrence, à finaliser tout le dispositif réglementaire pour garantir une bonne mise en œuvre d’une fonction publique locale motivée, et performante.

Il est donc urgent, au moment où son Excellence Monsieur le Président de la République met les bouchées doubles pour parachever le processus de la mise en œuvre de sa réforme, de créer les conditions d’une application immédiate de cette loi sur la fonction publique locale, dont l’ensemble des décrets d’application a été signé.

La volonté politique ne manque certainement pas. Il est vrai aussi que le dynamisme des syndicats du secteur y est pour quelque chose.
La discrimination en termes de disparités salariales entre les agents des collectivités locales et ceux de la fonction publique est effarante, et il est nécessaire de la corriger. C’est une question de justice sociale. En plus, la cheville ouvrière de l’acte III de la Décentralisation devrait fondamentalement être ces agents. On ne peut réussir à installer des changements aussi importants que ceux induits par la mise en œuvre de l’Acte III, si le processus n’est pas accepté, intégré et vulgarisé par les agents des collectivités territoriales qui sont les premiers acteurs de ce changement, et en conséquence, de son succès.
Penser à l’Administration territoriale d’Etat est important, encore une fois. Ses acteurs ont une capacité de lobbying que n’ont pas les syndicats des collectivités territoriales, pour poser leur cas avec autant d’insistance.
Mais l’Etat devrait savoir que l’un des principes majeurs de la décentralisation est celui de la libre administration, et en conséquence, il importe de trouver le juste équilibre, entre acteurs territoriaux et représentants de l’Etat, les uns tirant leur légitimité du caractère électif de leurs fonctions, les autres tirant leur autorité de leur statut de représentant de l’Etat.
D’ailleurs il me revient une scène cocasse d’une conversation entre un représentant de l’Etat et un illustre Président de conseil départemental. Le représentant de l’Etat lui faisait remarquer que certes la Loi portant Code général des collectivités territoriales consacrait le transfert d’un certain nombre de compétences aux départements, mais il devait savoir que dans la réalité, il ne gérait que la périphérie de ces compétences !
Ce qui signifie, en langage sibyllin, que l’autorité suprême, c’était bien lui, le représentant du Chef de l’Etat et de tous les ministres !
Cela pose le problème du statut de l’élu local par ailleurs. Et souligne aussi les failles de notre système encore fortement déséquilibré, l’Etat donnant d’une main ce qu’il retire de l’autre, en plus du goulot d’étranglement qu’est l’absence de ressources suffisantes pour garantir l’autonomie financière de ces collectivités territoriales.
Pour en revenir à nos agents de la fonction publique territoriale, il est certes bien de créer un cadre administratif pour eux, mais encore faudrait-il leur assurer une formation de qualité pour les rendre opérationnels. On ne peut résoudre la problématique du management des collectivités territoriales dans le cadre d’une gestion performante, s’il n’y a pas de formation à la base, en effet. Et pour ce, l’Acte III de la Décentralisation ne peut se passer de la mise en place de structures de formation professionnelle dédiées aux agents des collectivités territoriales, pour leurs formations initiale, et continue.
En France, cas d’école dont le Sénégal gagnerait à s’inspirer, il y a par exemple l’INET, l’Institut National des Etudes Territoriales qui forme les cadres de l’administration territoriale, et les structures dédiées à la formation continue des agents territoriaux de toutes catégories, le CNFPT, Centre National de la Fonction Publique Territoriale avec ses antennes décentralisées sur tout le territoire national, qui s’occupe de la formation continue des agents tout au long de leurs carrières professionnelles.
Mettre en place ces structures de formation dédiées, et un organigramme-type sur la base d’un référentiel des métiers permettrait une rationalisation des effectifs de la fonction publique territoriale, et éviterait en même temps les recrutements intempestifs uniquement motivés par des raisons politiciennes.
C’est donc dire véritablement que le chantier de la fonction publique territoriale est une priorité à laquelle il faut accorder toute l’attention qui sied. C’est à ce prix que « les aspirations de bien-être des populations de l’ensemble des territoires et terroirs du Sénégal, dans un consensus national permanent », apaisé et harmonieux pourront être prises en charge, avec efficacité.

Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R

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