Heurts à Cambérène : La police s’explique, les familles contestent, l’enquête piétine

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SENTV : Le climat reste tendu à Cambérène, près d’une semaine après la disparition tragique de deux jeunes du quartier. Alors que des manifestations ont éclaté en début de semaine pour réclamer la vérité, la Police nationale a publié un communiqué officiel ce lundi 30 juin pour livrer sa version des faits. Mais loin de calmer les esprits, cette sortie institutionnelle soulève davantage de questions qu’elle n’en résout. Témoignages contradictoires, confusion sur l’identité des victimes, colère des familles : retour sur une affaire qui trouble profondément l’opinion.

Une nuit trouble à Cambérène

Selon le communiqué de la Police nationale, tout démarre dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin 2025, vers 01h00. Un agent de la 7e compagnie affirme avoir été violemment agressé à la plage de Cambérène alors qu’il tentait de mettre fin à une attaque. Il déclare avoir été aspergé de gaz lacrymogène, puis poignardé dans le dos. Blessé, il aurait été évacué à l’hôpital Principal par son père. Une plainte contre X a été déposée, avec un certificat médical attestant d’une incapacité temporaire de travail de 15 jours.

Une patrouille de police se serait immédiatement rendue sur les lieux pour tenter d’identifier les agresseurs. Deux individus, selon la version policière, auraient alors pris la fuite en se jetant dans la mer. Malgré l’assistance de civils présents, les recherches engagées auraient été suspendues faute de résultats.

Des disparitions, puis des corps retrouvés

Le jeudi suivant, soit le 26 juin, une mère de famille se présente au commissariat pour signaler la disparition de son fils depuis la nuit du 21 juin. L’agent blessé reconnaît une ressemblance physique entre le jeune homme disparu et un de ses agresseurs, tout en admettant que l’obscurité ne permettait pas d’identification formelle.

Ce lundi 30 juin, la tension monte d’un cran. Des jeunes du quartier bloquent la VDN 3, brûlent des pneus et dressent des barricades pour réclamer des explications. Ils accusent la police d’avoir provoqué la mort des deux jeunes disparus. Selon certaines rumeurs persistantes dans le quartier, les corps des deux garçons auraient été retrouvés depuis le samedi 23 juin et déposés à la morgue de l’hôpital Abass Ndao — sans que leurs familles n’en soient informées.

Ce n’est que dans la matinée du lundi 30 juin, vers 11h00, que les parents auraient été conduits à la morgue pour procéder à l’identification. Selon des sources proches des familles, il s’agirait bien des deux jeunes de Cambérène portés disparus.

Deux versions, un flou persistant

Les versions des faits divergent radicalement. Selon des témoignages recueillis dans le quartier :

  • Version 1 : Les deux jeunes, aperçus en train de boire du thé non loin de la plage, auraient été soupçonnés par une patrouille et pris la fuite. La police aurait alors tiré dans leur direction.

  • Version 2 (officielle) : Les jeunes auraient agressé un agent de police, puis se seraient jetés à la mer pour échapper à l’arrestation. Ils seraient morts noyés.

Le communiqué de la police évoque effectivement deux constatations de corps sans vie sur la plage BCEAO, sans identifier formellement les victimes. Il précise cependant que l’enquête est toujours en cours, tandis qu’aucun corps noyé n’aurait été réceptionné par les morgues officielles des hôpitaux Principal et Dalal Jamm.

Un appel à la transparence

La situation à Cambérène reste volatile. Les habitants dénoncent un manque de transparence des autorités. Plusieurs figures de la société civile appellent à une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les circonstances exactes du drame.

Un habitant du quartier, résume le sentiment général : « Ce qui se dit ici n’est pas un fantasme : des témoins affirment que les jeunes ont été pris en chasse, que des coups de feu ont été tirés, et que leurs corps ont été cachés pendant plusieurs jours. »

Pour l’instant, aucune arrestation ni mise en cause officielle n’a été annoncée. Le ministre de l’Intérieur, interpellé sur le sujet, ne s’est pas encore exprimé publiquement.

L’affaire des jeunes disparus de Cambérène cristallise un malaise plus profond entre les forces de sécurité et une jeunesse urbaine souvent méfiante envers l’autorité. Alors que les familles endeuillées réclament justice, seule une transparence totale de l’enquête — avec l’implication éventuelle du parquet ou de structures indépendantes — pourrait permettre d’apaiser les tensions et d’éviter que ce drame ne ravive d’anciennes blessures sociales.

La rédaction de la SENTV.info

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