Trafic depuis les barreaux : Un détenu du Camp pénal au cœur d’un réseau de chanvre actif entre Thiès, Dakar et Pikine

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SENTV : Nouveau coup de théâtre au Camp pénal de Liberté 6, où un détenu purgeant une lourde peine pour trafic international de drogue a été de nouveau déféré devant le parquet. M. M. Diop, 35 ans, condamné en 2019 à 15 ans de travaux forcés, est désormais poursuivi pour avoir orchestré un trafic de chanvre indien depuis sa cellule, en complicité avec un réseau actif dans plusieurs localités, dont Thiès, Dakar et Pikine.

C’est suite à des renseignements internes que la direction de l’établissement carcéral a mené une opération ciblée, avec l’appui de ses collaborateurs. Une fouille minutieuse dans la cellule de Diop a permis la saisie de deux téléphones portables et une somme de 204 750 francs CFA. D’après les premiers éléments de l’enquête, ces fonds proviendraient de la vente de drogue réglée via l’application Wave.

Selon le journal Libération, qui a révélé l’affaire dans son édition de ce mardi 8 juillet, l’exploitation des téléphones de Diop a permis de mettre à jour un réseau structuré utilisant des codes pour dissimuler le trafic. Les termes « plaquette », « boule » ou encore « Cam bi » y désignaient les quantités de chanvre commandées ou livrées. Les discussions, remontant au 20 juin 2025, faisaient état de livraisons entre Thiès, Dakar, Pikine et la prison.

Des vidéos et images compromettantes, montrant le conditionnement du chanvre indien, ont également été extraites des appareils. L’enquête a identifié un complice extérieur, chargé des livraisons, qui dissimulait la marchandise dans des gris-gris avant de la remettre aux clients.

Autre volet troublant de cette affaire : malgré son incarcération, M. M. Diop gérait un compte TikTok actif, sous le pseudo malick.diop279, suivi par 2 122 abonnés. Il y avait publié 21 vidéos, dont certaines filmées directement depuis sa cellule. Ses téléphones contenaient également des applications telles que Instagram, Snapchat, Facebook, 1xbet, ainsi que Wave et Wizall Money, preuve d’un usage numérique avancé malgré les restrictions réglementaires.

Interrogé sous le régime de la garde à vue, le détenu a nié les faits, affirmant être victime d’une « injustice » et dénonçant une pratique courante : « Tout le monde a un téléphone ici », aurait-il déclaré, avant d’entamer une grève de la faim.

Les investigations se poursuivent. Neuf individus, soupçonnés de faire partie du réseau, sont activement recherchés par les autorités. Des sources proches du dossier indiquent que des mesures de renforcement de la sécurité et de contrôle sont en cours au Camp pénal, face à la multiplication des cas de criminalité organisée intra-muros.

L’affaire relance le débat sur les failles sécuritaires dans les établissements pénitentiaires sénégalais, souvent confrontés à la prolifération de téléphones portables, à la corruption de certains agents, et à l’émergence de nouvelles formes de criminalité numérique derrière les barreaux.

La rédaction de la SENTV.info 

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