Retour de Ousmane Sonko à l’Assemblée : Barthélémy Dias hausse le ton et brandit sa propre éviction comme argument juridique
SENTV : Paris – En déplacement ce week-end dans l’Hexagone, Barthélémy Dias, président du mouvement Sénégal Biñu Bokk, a vivement réagi aux propos de Ousmane Sonko sur un éventuel retour à l’Assemblée nationale. Devant les membres de son mouvement rencontrés en France, l’ancien député a exprimé une opposition frontale, mettant en avant la jurisprudence de sa propre éviction parlementaire.
« S’il retourne à l’Assemblée nationale, alors moi aussi je redeviens député ! Il a été condamné définitivement, il n’a donc plus droit à un siège au sein de l’hémicycle. Et si cela devait se produire, alors je ne suis plus le fils de Jean Paul Dias », a lancé avec ironie Barthélémy Dias, visiblement remonté contre ce qu’il considère comme une tentative de passage en force.
Barthélémy Dias a évoqué l’article L.29 du Code électoral sénégalais, qui interdit à toute personne condamnée définitivement à une peine privative de liberté d’exercer un mandat électif. Pour lui, si ce texte a justifié sa radiation de l’Assemblée nationale à l’époque, il doit s’appliquer de manière égale à tous, y compris au Premier ministre.
L’ancien maire de Mermoz-Sacré-Cœur, également ancien député, avait lui-même perdu son siège à l’hémicycle à la suite d’une condamnation dans l’affaire Ndiaga Diouf. Il estime donc que toute éventuelle réintégration de Sonko, sans révision judiciaire formelle, créerait un précédent juridiquement intenable.
Cette sortie intervient quelques jours après des déclarations du chef du gouvernement, qui s’était montré sévère envers l’opposition actuelle, affirmant qu’elle était « absente du débat » ou « molle » face aux enjeux du moment. Des propos mal digérés par Barthélémy Dias, qui s’est voulu offensif :
« Il dit qu’il n’y a pas d’opposition au Sénégal ? Il saura que certains d’entre nous n’ont jamais déserté le combat politique. Et ce combat, nous le poursuivrons, que ce soit dans ou hors de l’Assemblée », a-t-il martelé, accusant Sonko de marginaliser les voix discordantes.
Le débat sur la possibilité pour Ousmane Sonko de retrouver un mandat parlementaire relance les discussions sur l’interprétation des décisions judiciaires et la place du droit dans les arbitrages politiques. Le Premier ministre, dont la condamnation pour corruption de la jeunesse avait suscité une vive controverse avant l’élection présidentielle, bénéficie aujourd’hui d’un regain de légitimité populaire et institutionnelle. Mais certains acteurs, comme Dias, contestent la possibilité de tout retour en arrière sur le plan parlementaire sans une levée explicite des sanctions judiciaires.
Loin des alliances de circonstance d’hier, le ton adopté par Barthélémy Dias confirme un éclatement progressif du front de l’opposition historique, désormais divisé entre les tenants du pouvoir et ceux qui restent dans la posture de contestation. Le retour au Sénégal de Barthélémy Dias pourrait donner lieu à de nouveaux épisodes d’une tension politique grandissante, à l’heure où le pays cherche à stabiliser son nouveau régime.
La rédaction de la SENTV.info