Malnutrition infantile à Diourbel : des niveaux alarmants au-dessus de la moyenne nationale, les acteurs sonnent l’alerte
SENTV : Malgré sa position stratégique et son rôle de carrefour agricole, la région de Diourbel est aujourd’hui confrontée à une situation préoccupante : la malnutrition infantile y dépasse sensiblement la moyenne nationale. Le phénomène, qui touche particulièrement les enfants de moins de deux ans, soulève l’inquiétude des professionnels de santé, des autorités sanitaires et des partenaires au développement.
Dr Mamadou Dieng, expert en nutrition, attribue cette situation à plusieurs facteurs structurels. « Diourbel dépend encore fortement d’une agriculture peu diversifiée. Cela limite l’accès des populations à une alimentation équilibrée, notamment en fruits, légumes et protéines d’origine animale ou végétale », explique-t-il. Cette carence alimentaire structurelle est aggravée par les mauvaises récoltes successives, qui réduisent les revenus des ménages et les poussent à faire des arbitrages au détriment de l’alimentation des enfants.
Des disparités flagrantes entre zones rurales et urbaines
Si la ville de Diourbel bénéficie d’un accès relativement meilleur aux soins et aux produits alimentaires, les zones rurales de la région accusent un retard inquiétant. La densité démographique et les flux migratoires internes exercent une pression croissante sur les ressources locales, accentuant les inégalités sociales et sanitaires.
« Dans certaines communes rurales, l’accès à des centres de santé équipés reste limité. Cela retarde la prise en charge nutritionnelle des enfants vulnérables », alerte une responsable d’un programme communautaire de santé.
Des mesures urgentes, mais encore insuffisantes
Pour répondre à cette crise silencieuse, les autorités sanitaires locales, en collaboration avec leurs partenaires, ont lancé un programme de supplémentation en micronutriments destiné aux enfants âgés de six à onze mois. Objectif : combler les carences en vitamines et minéraux essentiels durant la période critique des 1 000 premiers jours de vie.
« Actuellement, on a ciblé la tranche d’âge de six à onze mois. Mais nous plaidons pour élargir la couverture jusqu’à deux ans. C’est crucial pour éviter des retards de croissance irréversibles », précise Dr Dieng.
Un appel à une réponse multisectorielle
Les spécialistes s’accordent à dire que la lutte contre la malnutrition infantile à Diourbel ne peut se limiter à une seule approche médicale. Elle exige une synergie d’actions dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de l’assainissement et de la protection sociale. Il s’agit également de repenser les politiques alimentaires régionales, en mettant l’accent sur la diversification des cultures et l’accès équitable aux aliments nutritifs.
Alors que les indicateurs continuent de tirer la sonnette d’alarme, les acteurs de terrain appellent à une mobilisation nationale pour inverser la tendance. Car au-delà des statistiques, ce sont des milliers d’enfants qui voient leur avenir compromis dès les premières années de leur vie.
La rédaction de la SENTV.info