« Je ne sais pas, je conteste » : Kocc Barma face aux enquêteurs, l’amnésie stratégique d’un cyberprédateur présumé

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SENTV : Dans les locaux de la Division spéciale de la cybersécurité (DSC), l’homme paraît calme. Trop calme. Confronté à des preuves accablantes extraites de son propre ordinateur, El Hadji Babacar Dioum, alias « Kocc Barma », oppose un silence calculé et un discours répétitif :

« Je ne reconnais pas. Je ne sais pas. Je conteste. »

Selon les informations exclusives du journal Libération, consultées par notre rédaction, cet homme de 37 ans, originaire de Dakar, est au cœur d’une enquête tentaculaire liée au plus vaste scandale de cybercriminalité jamais documenté au Sénégal.
Un empire numérique de la honte, bâti sur le chantage sexuel, la menace, la manipulation.

Des fichiers aux noms évocateurs

Le rapport d’enquête mentionne l’analyse poussée de son MacBook Pro personnel, dont l’accès a été obtenu après plusieurs heures de résistance. Sur le disque dur : une organisation méticuleuse en dossiers titrés “Newgirls”, “Sextape”, “Paid not to publish”, “ZBZ”, “Seneg”… Autant d’intitulés laissant peu de place au doute sur leur contenu.

À l’intérieur, des vidéos à caractère sexuel, des copies de messages de menaces, des preuves de paiements via des services de transfert d’argent, et des identifiants de victimes présumées.
Les experts de la DSC confirment que les fichiers ont été enregistrés, ouverts, modifiés et transférés entre 2024 et 2025, depuis le compte cloud personnel de l’accusé.

Une défense verrouillée

Dès le début de sa garde à vue, El Hadji Babacar Dioum a adopté une stratégie de déni absolu. Lors de ses premiers échanges avec les enquêteurs, il se montre coopératif, affirme n’avoir jamais été impliqué dans des affaires judiciaires, et se dit prêt à « répondre à toutes les questions ».

Mais cette posture bascule brutalement dès que les éléments techniques sont évoqués. L’homme coupe court aux échanges et martèle inlassablement :

« Je ne reconnais pas les faits »,

« Je ne sais pas d’où viennent ces fichiers »,

« J’ai été piraté »,

« Je ne maîtrise pas l’informatique ».

Une ligne de défense que les spécialistes de la cybersécurité qualifient de « peu crédible », en raison de la précision des transferts, des noms de fichiers, et de l’activité horodatée à son identifiant iCloud.

Chantage, sextorsion et blanchiment : le cocktail explosif

Les enquêteurs font état de transactions financières identifiées, datées du 16 novembre 2022 et du 25 janvier 2023, accompagnées de messages exigeant de l’argent sous menace de diffusion publique de contenus privés.
Plusieurs victimes auraient accepté de payer pour “protéger leur image”, d’autres affirment avoir été publiquement humiliées après leur refus.

Les chefs d’accusation qui se dessinent sont lourds :

  • Cyberharcèlement,

  • Atteinte à la vie privée,

  • Diffusion de contenus à caractère sexuel sans consentement,

  • Détention de contenus pédopornographiques,

  • Blanchiment d’argent numérique.

Depuis l’arrestation de Dioum, révélée début juillet, la DSC et le parquet sont submergés. Des dizaines de victimes présumées se manifestent. Certaines reconnaissent leur présence dans les fichiers saisis. D’autres racontent avoir reçu des menaces explicites : payer ou voir leur intimité exposée sur des réseaux où Kocc Barma était connu pour ses publications anonymes et virales.

La rédaction de la SENTV.info 

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