Liberté d’expression au Sénégal : Moustapha Diakhaté dénonce une « justice à deux vitesses »

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SENTV : À peine libéré après cinquante jours de détention préventive à la prison de Rebeuss, Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar, est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme une dérive autoritaire du système judiciaire sénégalais. Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi, il a accusé le procureur Ibrahima Ndoye de partialité et de mener une « guerre juridique contre la liberté d’expression ».

« Le parquet fonctionne à deux vitesses. Quand il s’agit de l’opposition, la rigueur est totale. Mais quand il s’agit du pouvoir, notamment du Pastef, la complaisance règne », a lancé Diakhaté devant un parterre de journalistes.

Des accusations ciblées contre le parquet

Au cœur de ses critiques, une dénonciation frontale de l’instrumentalisation présumée de la justice à des fins politiques. L’ex-député accuse le tribunal de grande instance de Dakar d’être devenu un outil de répression des voix discordantes, et fustige une justice « sélective » qui étoufferait le débat démocratique.

« Ibrahima Ndoye doit savoir qu’il lui reste 998 mandats de dépôt s’il veut me faire taire, car jusqu’à 1 000, je ne me tairai pas », a-t-il ironisé, déterminé à poursuivre son engagement, même au prix d’une nouvelle incarcération.

Une arrestation jugée arbitraire

Moustapha Diakhaté, poursuivi pour offense au chef de l’État, rejette les accusations et qualifie sa mise en cause de « honteuse » et politiquement motivée. Il se dit victime d’un « règlement de comptes personnel » de la part du procureur, qui utiliserait sa position à des fins partisanes.

« Moi qui ai toujours défendu la République, on me reproche une offense au président ? C’est ridicule », s’est-il indigné, dénonçant une tentative de museler les critiques à l’encontre du régime.

Un climat de tension entre justice et libertés publiques

Cette affaire intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des poursuites pour délits d’opinion, visant journalistes, activistes et figures de l’opposition. Des voix s’élèvent régulièrement pour dénoncer l’usage persistant des articles 80 et 254 du Code pénal, relatifs à la sûreté de l’État et à l’offense au chef de l’État, que plusieurs organisations considèrent comme contraires aux principes démocratiques.

« Le Pastef avait promis d’abroger ces articles liberticides. Ils ne l’ont pas fait. Ils ont menti aux Sénégalais. Voilà pourquoi on continue à emprisonner des journalistes et des opposants », a lancé Diakhaté, accusant le parti présidentiel de trahir ses engagements en matière de libertés publiques.

Un appel à la réforme de la justice

À travers ses déclarations, Moustapha Diakhaté rejoint un mouvement de plus en plus large qui réclame une réforme en profondeur du système judiciaire sénégalais, en particulier sur les questions liées à la liberté d’expression. Il appelle à dépénaliser les délits d’opinion et à renforcer l’indépendance du parquet, souvent soupçonné de suivre des directives politiques.

Alors que les débats sur la réforme de la justice restent vifs dans l’espace public, cette nouvelle sortie de l’ex-député relance les interrogations sur l’équilibre entre autorité de l’État et respect des libertés fondamentales, dans un pays souvent présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest.

La rédaction de la SENTV.info 

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