Gambie : Trois femmes inculpées après la mort d’un nourrisson excisé à Wellingara

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SENTV : Un drame tragique relance le débat sur les mutilations génitales féminines (MGF) en Gambie. Trois femmes ont été inculpées après le décès d’un nourrisson à la suite d’une excision présumée, survenue dans la ville de Wellingara, dans l’ouest du pays.

La fillette, dont l’âge exact n’a pas été précisé, a succombé à une hémorragie massive peu après l’intervention. Elle a été déclarée morte à son arrivée à l’hôpital de Banjul, selon un communiqué de la police gambienne publié dimanche.

L’affaire, qualifiée de « particulièrement choquante » par plusieurs organisations de défense des droits humains, a conduit à l’inculpation d’une femme identifiée comme l’auteure de l’excision. Cette dernière a été placée en détention provisoire par le tribunal de Brikama et encourt une peine de prison à perpétuité pour violation de la loi interdisant les MGF, promulguée en 2015.

Les deux autres femmes, soupçonnées de complicité, ont été remises en liberté sous caution, a précisé la police.

Une pratique interdite mais persistante

L’excision, bien qu’interdite depuis une décennie, reste courante en Gambie, un pays où les traditions culturelles et religieuses continuent de peser lourd dans certaines communautés. Selon les données de l’UNICEF de 2024, près de 73 % des femmes et filles âgées de 15 à 49 ans ont été victimes de mutilations génitales, plaçant la Gambie parmi les pays aux taux les plus élevés au monde.

Ce nouveau cas dramatique intervient alors que les militants anti-MGF font face à une résurgence des discours en faveur de la légalisation de la pratique, certains leaders religieux et politiques ayant récemment plaidé pour un retour sur l’interdiction. Une initiative vivement dénoncée par les ONG qui y voient une menace directe aux droits fondamentaux des filles et des femmes.

Dans une étude publiée en 2023, des chercheurs de l’Université de Birmingham ont estimé à plus de 44 000 le nombre de décès annuels dus aux complications liées aux MGF dans les pays où elles sont pratiquées. Les conséquences médicales incluent notamment infections graves, hémorragies, stérilité, complications obstétricales, et traumatismes psychologiques durables.

La loi remise à l’épreuve

L’ancien président Yahya Jammeh, aujourd’hui en exil, avait décrété l’interdiction des MGF en 2015, déclarant que cette pratique n’était pas une obligation religieuse. Sa décision, saluée à l’époque comme un pas historique, est aujourd’hui fragilisée par des appels à son abrogation, alimentant un climat de tension sociale et juridique autour de la question.

Ce décès relance ainsi de manière brutale la nécessité pour les autorités gambiennes de renforcer l’application de la loi, de protéger les mineures, et de poursuivre la sensibilisation à une pratique jugée dangereuse, dépassée, et incompatible avec les droits humains fondamentaux.

La rédaction de la SENTV.info avec AFP 

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