Thiat secoue le pouvoir en place avec « Porozé » : un coup de gueule sans filtre contre le régime Diomaye – Sonko

0

SENTV : Hier soir, le rappeur Thiat, membre influent du groupe Keur Gui et figure historique de l’engagement citoyen au Sénégal, a créé l’événement avec la sortie de son nouveau single intitulé « Poroze bi ». Dans ce morceau au ton critique, l’artiste s’attaque frontalement à la gouvernance actuelle, dirigée par le président Bassirou Diomaye Faye, et à son allié politique, Ousmane Sonko, leader du parti Pastef.

Un discours de rupture face à la « rupture »

Le terme « Poroze » — emprunté au wolof populaire — renvoie aux illusions, aux promesses non tenues et à la désillusion. En choisissant ce mot comme titre, Thiat donne le ton : il dénonce un écart grandissant entre les slogans portés par Pastef avant l’élection et la réalité du pouvoir depuis la victoire électorale de mars 2024.

Dans ses paroles, le rappeur déplore un manque de cohérence dans la gestion des affaires publiques, soulignant une continuité des pratiques qu’il pensait révolues. « Ñoo ngi ci seen porozé bi » (« Nous sommes dans votre poudre aux yeux ») lâche-t-il dans un refrain aux accents de déception citoyenne.

Un virage assumé et polémique

Ce nouveau morceau marque une inflexion dans la posture publique de Thiat, longtemps vu comme un sympathisant critique mais bienveillant envers le camp Sonko. En s’attaquant directement au tandem Diomaye-Sonko, il prend ses distances avec le pouvoir qu’il avait, à un moment, contribué à légitimer par son combat contre l’ancien régime de Macky Sall.

Certaines figures du camp présidentiel ont réagi, jugeant la sortie du rappeur « précipitée » voire « injuste », considérant que les réformes sont encore en cours. D’autres, dans les rangs de la société civile, y voient un rappel salutaire à la vigilance démocratique.

Le rap, toujours en ligne de front

Depuis ses débuts, le groupe Keur Gui incarne une forme de rap militant, fidèle à l’esprit du mouvement Y’en a marre, né en 2011 contre la tentative de troisième mandat d’Abdoulaye Wade. Thiat et son acolyte Kilifeu se sont imposés comme des voix incontournables de la contestation politique au Sénégal.

Avec « Poroze bi », Thiat revient à ses fondamentaux : utiliser le micro comme mégaphone du peuple, sans concession, quelle que soit l’identité du locataire du palais.

Une réaction populaire contrastée

La publication du single a immédiatement enflammé les réseaux sociaux. Entre soutien franc d’une partie de la jeunesse désabusée et critiques virulentes d’internautes proches du pouvoir, le morceau polarise l’opinion.

Mais une constante demeure : Thiat reste fidèle à son image d’artiste intransigeant, refusant de se taire face à ce qu’il perçoit comme des dérives, fussent-elles issues de ses anciens alliés.

À travers « Poroze bi », Thiat ne se contente pas de rapper. Il pose une question essentielle : la rupture promise est-elle déjà trahie ? Ce morceau, loin d’être un simple clash, s’inscrit dans une tradition de rap politique lucide, mordant, et nécessaire dans une démocratie naissante.

La rédaction de la SENTV.info 

- Advertisement -

commentaires
Loading...