SENTV : Le dossier ArcelorMittal refait surface dans l’agenda judiciaire sénégalais, plus de dix ans après la signature d’un accord controversé entre l’État du Sénégal et le géant mondial de la sidérurgie. Selon les informations relayées par Libération, trois anciens hauts responsables du régime précédent ont été convoqués par le doyen des juges du premier cabinet d’instruction du tribunal hors classe de Dakar.
Les intéressés, dont l’identité n’a pas encore été rendue publique, seront entendus en qualité de témoins dans le cadre de cette affaire à fort retentissement. Ces auditions marquent un tournant dans l’enquête, plusieurs fois ralentie mais jamais totalement classée.
Une procédure relancée par la justice sénégalaise
L’affaire prend sa source dans une plainte avec constitution de partie civile déposée par l’État du Sénégal, aboutissant à l’ouverture d’une information judiciaire. Parmi les faits visés figurent :
-
Association de malfaiteurs
-
Corruption
-
Recel
-
Blanchiment de capitaux
-
Escroquerie et complicité
Le dossier vise directement ArcelorMittal Holdings AG (anciennement Mittal Steel Holdings AG), ainsi que plusieurs de ses entités affiliées, notamment :
-
ArcelorMittal Limited
-
ArcelorMittal Holland II BV
-
ArcelorMittal Mining Sénégal SA
-
ArcelorMittal Infrastructures Sénégal SA
Le contentieux de 2014 au cœur du débat
Au centre du litige figure l’accord transactionnel signé le 30 mai 2014, qui avait mis fin au différend opposant l’État du Sénégal à ArcelorMittal. Ce contentieux portait sur le projet d’exploitation du gisement de fer de la Falémé, dans le sud-est du pays.
Initialement confié au groupe sidérurgique, le projet avait été suspendu, avant que l’État ne réclame des compensations financières pour non-respect des engagements contractuels. L’accord de 2014 avait scellé la fin du litige, avec le versement d’une somme importante par ArcelorMittal, dont le montant et les conditions d’utilisation sont aujourd’hui au centre des investigations.
Vers une clarification du rôle des anciens responsables
L’audition des trois anciens dignitaires, prévue dans les prochains jours, vise à éclairer la justice sur les circonstances ayant entouré la signature de l’accord et les responsabilités engagées à l’époque. Il ne s’agit pas à ce stade d’une mise en cause formelle, mais leurs témoignages pourraient faire évoluer la procédure, selon une source proche du dossier.
Alors que le Sénégal s’est engagé depuis mars 2024 dans une démarche de transparence sur la gestion des ressources naturelles et des contrats miniers, la réactivation du dossier ArcelorMittal témoigne d’une volonté de faire la lumière sur un passé opaque, et de rendre des comptes à l’opinion sur l’un des plus gros contentieux économiques de l’ère post-Wade.
La rédaction de la SENTV.info