Affaire Arcelor Mittal : Aly Ngouille Ndiaye et Birima Mangara convoqués dans l’enquête sur les 150 millions de dollars

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SENTV : La justice sénégalaise relance l’enquête sur l’accord transactionnel signé en 2014 entre l’État du Sénégal et Arcelor Mittal. Deux anciens ministres, Aly Ngouille Ndiaye et Birima Mangara, sont appelés à témoigner dans ce dossier aux multiples ramifications.

Le dossier Arcelor Mittal-Falémé, longtemps considéré comme clos, connaît un nouveau rebondissement judiciaire. Ce mercredi 20 août 2025, Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Industrie et des Mines, a été convoqué par le doyen des juges d’instruction pour être entendu en qualité de témoin dans le cadre de l’enquête en cours sur les conditions entourant le règlement financier de l’affaire.

L’audition de M. Ndiaye sera suivie de celle de Birima Mangara, ex-ministre délégué au Budget, également convoqué par la justice. Ces convocations interviennent alors que l’instruction progresse sur fond de soupçons persistants de corruption, blanchiment de capitaux, escroquerie et complicité, selon des informations confirmées par des sources judiciaires.

Une affaire vieille de plus de dix ans

L’affaire remonte à 2011, lorsque l’État du Sénégal avait porté plainte contre le géant de la sidérurgie Arcelor Mittal, accusé de n’avoir pas respecté ses engagements contractuels dans le projet d’exploitation du gisement de fer de la Falémé, dans la région de Kédougou.

Après un arbitrage international, la Chambre de commerce internationale (CCI) avait reconnu en 2013 des manquements graves dans l’exécution du contrat. L’État réclamait alors jusqu’à 3 300 milliards de FCFA en dédommagement.

Mais, de manière inattendue, le 30 mai 2014, un accord transactionnel met fin au litige : 150 millions de dollars (environ 75 milliards de FCFA à l’époque) sont alors versés par Arcelor Mittal au Sénégal.

Un accord entaché de zones d’ombre

La controverse ne réside pas dans la transaction elle-même, mais dans ses modalités. Contrairement aux procédures habituelles, les fonds n’ont pas été versés directement dans les caisses du Trésor public sénégalais, mais auraient transité par deux comptes Carpa – des comptes d’avocats destinés à sécuriser des transactions – détenus par Me François Meyer auprès de BNP Paribas.

L’identité des véritables bénéficiaires, les commissions éventuellement perçues, et l’absence de transparence sur les flux financiers suscitent de nombreuses interrogations. D’autant que les deux avocats sénégalais mentionnés initialement dans le dossier, Me Rasseck Bourgi et Me Sébastien Bonnard, ont formellement nié toute implication dans la signature de l’accord.

C’est Birima Mangara, alors ministre du Budget, qui aurait formalisé la transaction auprès du tribunal arbitral, sans que le retrait officiel de la procédure par l’agent judiciaire de l’État ne soit dûment acté. Cette anomalie juridique est aujourd’hui au centre des investigations menées par le juge d’instruction.

Les auditions des deux anciens membres du gouvernement visent à clarifier le rôle exact de l’État dans cette opération et à identifier d’éventuelles responsabilités dans l’absence de traçabilité des fonds.

L’enquête judiciaire, ouverte à Dakar sous les chefs d’association de malfaiteurs, corruption, recel et blanchiment, concerne également plusieurs filiales et partenaires d’Arcelor Mittal, y compris à l’international. Elle s’inscrit dans le cadre des engagements du nouveau régime à faire toute la lumière sur les grands dossiers de l’ère précédente, dans une logique de redevabilité.

Pour l’instant, ni Aly Ngouille Ndiaye ni Birima Mangara ne sont mis en cause, mais leurs témoignages sont jugés cruciaux pour établir la chaîne de décisions ayant conduit à une transaction financière opaque.

La rédaction de la SENTV.info 

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