Affaire Farba Ngom : Une détention à haut risque ? La contre-expertise médicale évoque une possible « mort subite nocturne »
SENTV : Une urgence médicale doublée d’un dilemme judiciaire. Le dossier de Farba Ngom, député-maire des Agnam, incarcéré depuis février 2025 dans le cadre d’une enquête du Pôle judiciaire et financier, vient de connaître un tournant décisif avec la publication d’une contre-expertise médicale alarmante. Trois éminents spécialistes de la médecine sénégalaise tirent la sonnette d’alarme : maintenir l’homme politique en détention serait une mise en danger manifeste de sa vie.
Une évaluation médicale sans équivoque
Le 31 juillet dernier, le Dr Ousmane Dièye, le Pr Papa Saliou Mbaye et le Pr Serigne Magueye Gueye – tous reconnus pour leur rigueur et leur compétence dans leurs spécialités respectives – ont procédé à une contre-expertise à la clinique Sakina / SOS Cardio à Dakar. Le constat est sans appel : Farba Ngom souffre d’un syndrome d’apnée obstructive sévère du sommeil, jamais diagnostiqué auparavant, associé à une cardiopathie débutante, un diabète ancien, une obésité morbide et des antécédents cardiovasculaires.
L’échoDoppler cardiaque pratiqué a confirmé une dilatation anormale de l’oreillette gauche et de l’aorte ascendante, aggravant le risque de décompensation cardiaque. À cela s’ajoute une fatigue chronique, une dyspnée à l’effort, des palpitations récurrentes et une somnolence diurne extrême. Autant de signaux qui placent le patient dans une catégorie à haut risque de décès soudain, notamment durant le sommeil.
Un environnement carcéral inadapté
La polygraphie ventilatoire a confirmé que le traitement de l’apnée du sommeil de Farba Ngom exige une assistance ventilatoire continue (CPAP), une prise en charge difficilement conciliable avec les conditions de détention. Quant à la spirométrie du 2 août, elle a révélé un trouble ventilatoire obstructif pouvant signaler une BPCO débutante, aggravée par son passé tabagique.
Bien que ses analyses biologiques restent relativement stables, les spécialistes insistent sur le danger cumulatif de ses pathologies. Leur conclusion est formelle : son maintien en détention pourrait provoquer une issue fatale de manière soudaine et imprévisible, notamment par le phénomène de « mort subite nocturne ».
Une pression croissante sur la justice
Détenu depuis le 27 février 2025 dans le cadre d’une procédure judiciaire liée à des accusations de malversations financières, Farba Ngom se trouve aujourd’hui au cœur d’un débat où la santé croise de plein fouet la justice. Cette contre-expertise – commandée par le juge d’instruction – donne à ses avocats de nouveaux arguments de poids pour déposer une demande de mise en liberté provisoire pour raisons médicales.
La défense pourrait invoquer l’article 134 du Code de procédure pénale sénégalais, qui prévoit une suspension ou aménagement de la détention en cas de pathologie grave. Reste à savoir si la juridiction compétente reconnaîtra le caractère exceptionnel et urgent de la situation.
Un précédent sensible dans un contexte politique tendu
Le cas Farba Ngom intervient dans un contexte national délicat, où plusieurs figures politiques ont récemment été placées sous mandat de dépôt, ravivant les débats sur l’état de santé des détenus et le respect des droits humains en milieu carcéral. La question reste entière : jusqu’où la justice peut-elle aller lorsqu’une vie est en jeu ?
Si cette contre-expertise devait être prise en compte, elle pourrait constituer un précédent majeur dans la gestion des cas médicaux critiques en détention, redéfinissant les équilibres entre nécessité judiciaire et impératif humanitaire.
La rédaction de la SENTV.info