Réactions critiques après la formation du gouvernement : Thierno Alassane Sall met en garde contre une « paralysie réformiste »
SENTV : L’annonce du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, rendue publique ce 6 septembre, continue de susciter des réactions contrastées au sein de la classe politique sénégalaise. Parmi les plus critiques, Thierno Alassane Sall, président du mouvement La République des Valeurs, a publié un message sur X (ex-Twitter) dans lequel il questionne les choix politiques et les équilibres internes du nouveau pouvoir exécutif.
Des critiques ciblées sur les ministères de souveraineté
Dans son analyse, M. Sall estime que le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, aurait « cédé aux dernières pressions des Pastefiens », en confiant les ministères de la Justice et de l’Intérieur à des personnalités issues ou proches du parti PASTEF – Les Patriotes, formation d’origine du Premier ministre.
Selon lui, cette décision aurait été prise dans un contexte de tensions persistantes entre la présidence et la primature. Il redoute une instrumentalisation politique de ces ministères sensibles, et y voit les germes d’une gouvernance conflictuelle, marquée par des logiques de règlement de comptes plutôt que par des impératifs de réforme.
« Le Président Faye a finalement cédé aux dernières pressions des Pastefiens sur la Justice et l’Intérieur, livrant à son contempteur de Premier ministre deux ministères de souveraineté. On peut donc s’attendre à une accentuation de la répression et de la vengeance politiques », a-t-il écrit.
Risques de blocage des réformes économiques
Au-delà de la critique politique, Thierno Alassane Sall met en garde contre une possible inertie économique, malgré les attentes élevées suscitées par le Plan de redressement économique et social annoncé depuis l’alternance.
Il évoque le maintien de ministres jugés peu compétents, conséquence, selon lui, de compromis fragiles entre le président et son chef de gouvernement, qui n’auraient pas trouvé un terrain d’entente sur certains profils.
« Les réformes économiques attendront. Des ministres notoirement incompétents ont été maintenus, faute d’accord entre le Président et son Premier ministre », poursuit-il.
Un exécutif fragilisé par les rivalités internes ?
Enfin, dans un ton plus grave, l’ancien ministre de l’Énergie alerte sur une « guerre froide » larvée au sein du régime. D’après lui, les tensions internes pourraient se propager dans l’appareil d’État, menaçant l’unité nécessaire pour mener les réformes promises pendant la campagne présidentielle
« La guerre froide au sein du régime va perdurer et se propager insidieusement dans la haute administration et les institutions de la République », conclut-il.
La formation du gouvernement, annoncée plus de cinq semaines après la démission du précédent cabinet, s’est effectivement révélée plus longue et complexe que prévu, alimentant les spéculations sur des désaccords internes à la coalition au pouvoir.
Certains observateurs notent une cohabitation institutionnelle inédite : un président élu sur un discours d’apaisement, associé à un Premier ministre à l’image plus clivante, désormais responsable de la mise en œuvre des politiques publiques à travers des ministères clés.
Le gouvernement mis en place inclut des figures issues de PASTEF, de la société civile, mais aussi d’anciens alliés de l’opposition, ce qui rend l’équilibre politique délicat. Toutefois, plusieurs membres conservent leur poste, à l’instar de ministres techniques appréciés dans les secteurs de l’énergie, de l’économie ou de l’agriculture.
La rédaction de la SENTV.info