Traitement sélectif ? Pape Abdoulaye Touré interpelle la CNDH sur sa gestion différenciée des dossiers Farba Ngom et des victimes politiques
SENTV : La Commission nationale des droits humains (CNDH) est au cœur d’une vive controverse après avoir été interpellée par Pape Abdoulaye Touré, militant des droits humains et membre fondateur de l’Initiative Zéro Impunité (IZI). Dans un communiqué rendu public ce mardi, ce dernier accuse l’institution dirigée par Amssatou Sow Sidibé de faire preuve de « deux poids, deux mesures » dans le traitement des dossiers liés aux droits humains au Sénégal.
Une saisine contestée dans l’affaire Farba Ngom
Selon M. Touré, la CNDH aurait adressé une correspondance au juge d’instruction pour réclamer la libération de Farba Ngom, député et proche de l’ancien régime, poursuivi pour escroquerie sur deniers publics et blanchiment de capitaux, sur la base d’un rapport de la CENTIF.
Cette démarche, largement relayée par la presse ce mardi, a suscité l’indignation de l’activiste, qui s’interroge sur la rapidité de l’intervention de la CNDH dans ce dossier précis, alors même que de nombreuses plaintes concernant des victimes de violences politiques n’ont reçu aucune suite.
Des victimes oubliées ?
Pape Abdoulaye Touré rappelle que l’Initiative Zéro Impunité avait officiellement saisi la Commission le 18 juillet 2025, pour l’inviter à se prononcer sur les cas de meurtres, de tortures et de traitements inhumains subis par des manifestants entre 2021 et 2024, période marquée par de fortes tensions politiques et sociales au Sénégal.
« Deux mois plus tard, cette saisine est restée lettre morte. Pas d’accusé de réception, pas de réaction. Un silence assourdissant face à la souffrance réelle de citoyens sans défense », déplore-t-il.
Une critique de fond sur l’impartialité de la CNDH
L’activiste va plus loin, accusant la CNDH de manquer à son devoir de neutralité et de favoriser des responsables politiques au détriment des victimes civiles. Il s’interroge ouvertement :
« La CNDH est-elle une institution vouée à protéger les droits de tous les citoyens, en toute impartialité, ou bien un instrument au service de certains privilégiés accusés de crimes financiers ? »
Il qualifie la situation d’insulte à la mémoire des martyrs et d’atteinte à la mission républicaine de l’institution.
Un appel à la responsabilité institutionnelle
En conclusion de son communiqué, Pape Abdoulaye Touré appelle la présidente de la CNDH à assumer pleinement son rôle, en se plaçant du côté des victimes et en exigeant que justice soit rendue à ceux qui ont souffert dans l’indifférence.
« L’histoire retiendra les silences aussi bien que les actes. Il est encore temps pour la CNDH de prouver qu’elle reste une institution au service des droits humains, et non des intérêts particuliers. »
Un débat public relancé
Cette sortie relance le débat sur l’indépendance réelle des institutions de défense des droits humains au Sénégal, dans un contexte de reconstruction démocratique et de quête de vérité et de justice pour les victimes des violences politiques récentes. La CNDH, de son côté, n’a pour l’instant publié aucune réaction officielle à ces accusations.
La rédaction de la SENTV.info