Mbour : Quarante jeunes Maliens condamnés avec sursis et visés par une mesure d’expulsion

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SENTV : Quarante ressortissants maliens, pour la plupart âgés de moins de 30 ans, ont comparu ce jeudi devant le tribunal d’instance de Mbour, à la suite d’une vaste opération de contrôle d’identité menée dans cette zone touristique prisée du littoral sénégalais. Poursuivis pour vagabondage, ils ont tous été condamnés à six mois de prison avec sursis et enjoint de quitter le territoire sénégalais dans un délai de trois mois.

Présentés en deux groupes distincts, les prévenus ont, à la barre, expliqué leur présence au Sénégal par la recherche d’opportunités professionnelles. Maçons, informaticiens ou vendeurs dans des réseaux de commerce en ligne, ils disent avoir été attirés par la réputation d’hospitalité du « pays de la Teranga ».

« J’ai rejoint Saly pour travailler avec Qnet. J’ai même fait venir mes sœurs pour qu’elles s’installent avec moi », a témoigné Aïssatou Bamba, l’une des rares femmes du groupe, qui affirme être en quête d’indépendance économique.

Une question de légalité migratoire dans un contexte sécuritaire tendu

Le parquet, tout en reconnaissant les liens historiques et culturels entre les pays de la CEDEAO, a fermement rappelé que le respect des lois sur le séjour et la circulation est impératif, surtout dans un contexte régional marqué par des menaces sécuritaires croissantes.

« Dans un environnement où le terrorisme gagne du terrain, on ne peut pas se permettre de laisser des individus s’installer sans aucun cadre légal. Nous partageons une histoire, mais nous devons aussi partager la responsabilité de la sécurité », a déclaré le procureur de la République.

Parmi les quarante personnes jugées, seule une minorité détenait des documents d’identité en règle, tandis que plusieurs affirmaient être entrés par voie terrestre sans formalités administratives.

Mbour, terre d’accueil… et de tensions migratoires

La région de Mbour, notamment les localités de Saly, Ngaparou et Somone, attire de nombreux jeunes migrants ouest-africains, en raison de l’activité touristique, du secteur du bâtiment et du commerce informel. Toutefois, cette présence croissante suscite également des tensions sociales et sécuritaires, souvent attisées par des rumeurs ou des stigmatisations liées à certaines activités économiques controversées, comme celles associées à la société Qnet, citée dans l’affaire.

Ce dossier soulève aussi un paradoxe : alors que des milliers de Sénégalais tentent chaque mois de rejoindre l’Europe via des routes maritimes périlleuses, notamment à partir de Mbour ou Joal, d’autres jeunes, originaires du Mali ou de Guinée, font le chemin inverse, rêvant de trouver au Sénégal un tremplin pour leur avenir.

Une expulsion sous tension ?

La décision du tribunal prévoit une mesure d’expulsion différée, laissant trois mois aux condamnés pour régulariser leur situation ou quitter le pays volontairement. Mais la mise en œuvre de cette décision reste floue, d’autant que le Mali ne dispose plus de représentation consulaire active à Mbour, et que les retours volontaires vers un pays en crise sécuritaire posent des questions humanitaires.

Des associations de défense des droits des migrants, jointes par nos soins, ont exprimé leurs inquiétudes quant à une criminalisation excessive de la précarité, appelant les autorités sénégalaises à adopter une approche plus équilibrée, respectueuse des droits humains et des engagements régionaux.

Les protocoles de la CEDEAO garantissent en principe la libre circulation et le droit d’établissement des citoyens des 15 États membres. Cependant, avec la montée des tensions sécuritaires au Sahel, plusieurs pays, dont le Sénégal, renforcent leurs contrôles aux frontières et resserrent les conditions de séjour, notamment pour les ressortissants des pays en transition militaire comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger.

La rédaction de la SENTV.info

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