Trafic de faux papiers à Petit Mbao : un ex-militaire démantelé avec plus de 160 extraits de naissance falsifiés
SENTV : La scène aurait pu sortir d’un film sur la fraude administrative. À Petit Mbao, la police sénégalaise a mis fin aux agissements d’un faussaire hors norme. Ibrahima Faty, un ancien militaire, a été interpellé en possession de 162 extraits de naissance falsifiés ainsi que de multiples documents administratifs contrefaits, dans une affaire qui met à nu un réseau structuré, actif depuis plusieurs années dans la région dakaroise.
La perquisition effectuée au domicile du suspect a permis de saisir un matériel impressionnant : extraits de naissance, passeports, cartes nationales d’identité, certificats de nationalité — tous soigneusement falsifiés. L’homme de 53 ans, décrit comme discret et méthodique, aurait monté une véritable « usine clandestine » au sein de sa propre maison, opérant depuis des années sans éveiller les soupçons du voisinage.
Selon L’Observateur, c’est un Amadou T. Bary, victime du faussaire, qui a permis le coup de filet. En 2023, il avait versé 35 000 Fcfa pour obtenir un extrait de naissance, qui ne lui parviendra jamais. Le 12 septembre 2025, il aperçoit par hasard Faty aux Parcelles Assainies, le reconnaît immédiatement et alerte les forces de l’ordre.
Une arrestation sans résistance
La Section de recherches du commissariat de l’Unité 15 de la police nationale met alors rapidement en place une opération de filature. L’ex-militaire est interpellé sans opposer de résistance, et les perquisitions qui s’en suivent lèvent le voile sur l’ampleur du trafic : des centaines de documents prêts à l’usage, des bases de données imprimées, ainsi que des éléments prouvant la coordination avec un complice basé à l’étranger, probablement chargé de l’acheminement ou de la diffusion des faux à travers la sous-région.
Un réseau bien rôdé, une clientèle ciblée
D’après les premiers éléments de l’enquête, la clientèle visée était majoritairement composée de ressortissants ouest-africains en situation irrégulière au Sénégal, à la recherche d’un statut légal. Les documents falsifiés permettaient d’ouvrir des droits à l’état civil sénégalais, et parfois même d’obtenir des papiers de voyage.
Ibrahima Faty, récidiviste déjà condamné pour faits similaires, a reconnu les charges portées contre lui lors de son interrogatoire. Il aurait déclaré avoir agi pour des « raisons économiques », tout en admettant la présence d’un réseau structuré agissant aussi bien localement qu’à l’étranger.
Depuis l’annonce de l’arrestation, plusieurs victimes présumées se sont signalées auprès du commissariat, certaines souhaitant porter plainte, d’autres espérant récupérer leur argent ou leur dignité. L’affaire est désormais entre les mains du parquet, qui envisage des poursuites pour faux et usage de faux, association de malfaiteurs, et atteinte à la sécurité publique.
Cette opération remet en lumière le problème chronique du trafic de documents administratifs au Sénégal, un fléau souvent évoqué mais rarement démantelé avec autant de preuves à l’appui. Elle soulève également des questions sur les complicités possibles dans certains services administratifs et la vulnérabilité du système d’état civil face à la contrefaçon.
La rédaction de la SENTV.info