SENTV : Le samedi 20 septembre 2025, une opération de grande envergure a été menée à Colobane par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Mouhamadou Bamba Cissé, en collaboration avec les forces de police et plusieurs services techniques de l’État. Objectif : libérer l’espace public des occupations illégales et lutter contre la mendicité organisée.
Au petit matin, les artères de Colobane ont été le théâtre d’un vaste déguerpissement. Des installations précaires, tentes, abris de fortune et autres structures improvisées ont été démontés sous la supervision directe du ministre. Plusieurs individus installés illégalement, pour la plupart en situation de mendicité, ont été évacués dans le calme, selon les autorités.
Cette intervention, selon le ministère, s’inscrit dans une stratégie globale de réappropriation de l’espace public, dans un contexte où l’occupation anarchique devient une source croissante d’insécurité, d’insalubrité et d’embouteillages chroniques dans la capitale.
« La mendicité sur la voie publique est une infraction au regard de la loi. Nous ne pouvons pas tolérer que l’espace commun soit pris en otage au détriment de l’ordre et de la sécurité », a déclaré le ministre Mouhamadou Bamba Cissé.
Un cadre légal souvent ignoré
Le Code pénal sénégalais, dans son article 245, interdit formellement la mendicité en dehors des établissements autorisés. Pourtant, la réalité sur le terrain montre une tolérance de fait, alimentée par la précarité, le laxisme institutionnel, et parfois même des réseaux de mendicité structurés.
L’opération de Colobane marque un tournant dans l’application des textes existants, et le ministère de l’Intérieur semble déterminé à inscrire cette démarche dans la durée. Des sources proches du dossier indiquent que d’autres quartiers dits « sensibles » sont dans le viseur des autorités, notamment Sandaga, Petersen, ou encore Liberté 6.
Une opération saluée, mais questionnée
Si une partie de l’opinion publique salue le retour de l’autorité de l’État dans l’espace public, certaines voix s’élèvent pour demander une réponse sociale à la hauteur des enjeux humains. Des associations de défense des droits de l’homme ont rappelé la nécessité d’un accompagnement pour les personnes vulnérables, souvent livrées à elles-mêmes après ces opérations de déguerpissement.
« Ces interventions sont nécessaires, mais elles doivent être assorties de dispositifs de relogement, de réinsertion ou d’accompagnement social », estime Aminata Diop, juriste au sein de la Ligue Sénégalaise des Droits Humains.
En réponse, le ministère a assuré que des dispositifs de prise en charge sont prévus en lien avec les services sociaux de l’État et les collectivités locales. Toutefois, aucun détail concret n’a été communiqué à ce stade.
Un appel à la responsabilité collective
Au-delà de la seule application de la loi, le ministre a voulu faire passer un message : celui d’une citoyenneté active. Il a appelé les Sénégalais à adopter des comportements responsables face à l’espace public, qu’il a qualifié de « bien commun ».
« L’espace public ne peut être livré à l’anarchie. Sa protection est l’affaire de tous », a-t-il insisté.
L’action menée à Colobane témoigne d’une volonté politique claire : restaurer l’ordre dans les centres urbains et renforcer l’autorité de l’État. Si l’intention est louable, sa mise en œuvre devra impérativement s’accompagner de mesures sociales pérennes. Sans cela, ces opérations risquent de se limiter à des coups de communication sans effet structurel.
La rédaction de la SENTV.info













