Révision budgétaire 2025 : l’État sénégalais opte pour la rigueur face à un contexte économique tendu

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SENTV : Le gouvernement sénégalais a déposé, en Conseil des ministres, son projet de loi de finances rectificative (LFR) pour l’année 2025, marqué par une révision prudente à la baisse des recettes, une stabilité des dépenses, et un recours accru à l’endettement extérieur pour combler un déficit budgétaire plus creusé que prévu.

Dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, d’incertitudes géopolitiques persistantes, et de pressions inflationnistes internes, l’Exécutif a dû ajuster ses ambitions. Selon les chiffres relayés par Sud Quotidien, les recettes sont désormais estimées à 4 668,9 milliards de FCFA, en recul de 125,8 milliards par rapport à la loi initiale (-2,6 %).La principale source de cette baisse provient des recettes fiscales, attendues en baisse de 3,7 %. En détail :

Les impôts sur les biens et services chuteraient à 1 984,4 milliards (-8,6 %) Les impôts sur les revenus et bénéfices sont revus à 1 389,7 milliards (-4,9 %) ;

Les droits de douane se stabilisent à 542,8 milliards (-0,8 %).

La pression fiscale, indicateur clé de l’efficacité du recouvrement, est ainsi projetée à 18,9 % du PIB, en baisse par rapport aux 19,3 % de la loi initiale.

Les dépenses publiques devraient quant à elles s’établir à 6 364,7 milliards de FCFA, en léger recul de 30,4 milliards (-0,5 %). Cette stabilité apparente masque toutefois des mouvements internes significatifs :

Les charges d’intérêts sur la dette publique explosent à 1 057,1 milliards, en hausse de 28,6 %, reflétant l’alourdissement du service de la dette dans un contexte de financement coûteux ;

Les transferts et subventions baissent de 56,7 milliards, pour s’établir à 1 453,3 milliards, traduisant une volonté de rationalisation des dépenses sociales ;

Les dépenses de personnel, elles, restent inchangées à 1 498 milliards, malgré les engagements du gouvernement dans le cadre du pacte social signé avec les syndicats.

En revanche, les investissements publics (acquisitions nettes d’actifs non financiers) progressent de 3,9 %, pour atteindre 1 400,8 milliards, notamment grâce à une hausse de 182,2 milliards des projets financés par des ressources extérieures.

Le déficit budgétaire révisé est désormais projeté à 1 695,8 milliards de FCFA, contre environ 1 600 milliards dans la loi initiale. Pour le combler, le gouvernement prévoit :

595,4 milliards via les tirages sur prêts programmes ;

1 107,6 milliards sur les prêts projets ;

854,7 milliards par émission de titres publics, aussi bien sur le marché régional de l’UEMOA que sur les marchés internationaux.

Cette gestion budgétaire plus prudente s’inscrit dans une logique de maintien de la stabilité macroéconomique et de préparation à la transition vers une économie plus résiliente, alors que le Sénégal se rapproche de la phase d’exploitation pétrolière et gazière attendue pour fin 2025. Toutefois, la soutenabilité de la dette reste une préoccupation centrale pour les bailleurs de fonds, alors que le pays continue de recourir massivement à l’emprunt.

Le budget 2025 avait été initialement bâti sur une prévision de croissance de 8,8 %, portée par les projets extractifs et les réformes économiques. Mais les aléas extérieurs, conjugués à une baisse de rendement fiscal, forcent l’État à revoir ses prévisions à la baisse, tout en cherchant à préserver les investissements structurants.

La rédaction de la SENTV.info

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