Mort du petit Abdou Khadre Seck à Ribo-Escale : L’APDH dénonce un « crime intolérable » et presse l’État pour une réforme des Daaras
SENTV : Le décès tragique d’Abdou Khadre Seck, un talibé âgé d’environ 8 ans, continue de susciter une vague d’indignation au Sénégal. L’enfant serait décédé des suites de sévices corporels infligés par son maître coranique, dans un daara (école coranique) de la localité de Ribo-Escale, dans la région de Louga.
Dans un communiqué officiel rendu public ce jeudi, l’Association pour la protection des droits humains (APDH) a exprimé une « profonde consternation » face à ce qu’elle qualifie de « crime odieux », appelant les autorités judiciaires à « rendre une justice exemplaire » et exhortant l’État à accélérer la réforme du système des daaras.
D’après les premiers éléments de l’enquête, Abdou Khadre Seck aurait été battu, privé de nourriture et soumis à des traitements inhumains par son maître coranique. Une autopsie a été ordonnée par le parquet, et une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de la mort.
L’APDH rappelle que cette tragédie s’inscrit dans une longue série de violations des droits de l’enfant, et met en lumière l’absence de contrôle systématique des daaras traditionnels, souvent en marge de la réglementation étatique. « Abdou Khadre était un enfant vulnérable, sans défense. Sa mort ne peut rester impunie », insiste l’association.
Si plusieurs projets de loi ont été élaborés pour encadrer le fonctionnement des daaras, notamment celui portant statut des daaras et le Code de l’enfant, leur adoption traîne depuis des années dans les méandres législatifs.
L’APDH appelle à la mise en œuvre urgente de ces textes, en particulier la loi n°2005-06 du 10 mai 2005, qui interdit la traite et la mendicité forcée des enfants. « Tant que ces réformes ne seront pas appliquées de manière stricte, d’autres enfants continueront d’être victimes de violences, d’exploitation et de négligence dans l’impunité la plus totale », dénonce le communiqué.
Au-delà de la justice pénale, l’affaire soulève aussi la question du mutisme de certaines autorités religieuses, souvent promptes à défendre le modèle traditionnel des daaras, mais silencieuses face aux abus récurrents. L’APDH appelle à une responsabilisation collective : parents, marabouts, autorités administratives et société civile doivent « rompre le cycle de l’indifférence ».
Sur les réseaux sociaux, l’affaire a suscité une forte émotion, avec de nombreux appels à « ne pas laisser passer ce crime comme un fait divers de plus ». Des organisations de la société civile envisagent une mobilisation nationale pour exiger des réformes concrètes et une meilleure protection des enfants talibés.
La rédaction de la SENTV.info