SENTV : Interrogé sur France 24 au sujet d’éventuelles poursuites contre l’ancien président Macky Sall pour haute trahison, le Président Bassirou Diomaye Faye a opté pour une posture mesurée mais ferme, renvoyant toute décision à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Dans un climat politique tendu, marqué par l’arrestation de plusieurs figures de l’ancien régime, cette sortie du chef de l’État était attendue.
Sans jamais nommer directement son prédécesseur, le président Faye a rappelé les principes cardinaux de l’État de droit : « Je fais toujours la différence entre faire la justice et rendre la justice. Rendre la justice suppose respecter la présomption d’innocence de chacun, respecter ses droits à une défense libre et lui assurer un procès juste et équitable. C’est ce à quoi nous nous en tenons au Sénégal, quel que soit le citoyen concerné. »
Ces propos interviennent alors que de lourdes accusations circulent à l’encontre de l’ancien chef de l’État, notamment autour d’une supposée falsification de la dette publique, révélée après l’audit des finances de l’État enclenché par le nouveau pouvoir. Une situation qui alimente les débats dans l’espace public, certains appelant à des poursuites, d’autres à la prudence.
Mais pour le président Faye, l’heure n’est pas aux règlements de comptes. « Il ne saurait y avoir de présomption de culpabilité sur personne. (…) Quand la justice va se prononcer, quel que soit le cas, elle le fera de manière sereine, sur la base de preuves matérielles qui seront versées devant un juge indépendant et libre », a-t-il insisté, affichant son attachement à une justice indépendante et non instrumentalisée.
Depuis son investiture en avril dernier, le nouveau président s’efforce de rompre avec les pratiques de gouvernance décriées sous l’ère Macky Sall. L’ouverture d’enquêtes sur des soupçons de mauvaise gestion, de détournements et de fraudes financières dans plusieurs ministères n’est plus une spéculation mais une réalité judiciaire. Plusieurs anciens ministres et hauts responsables de l’ex-régime sont actuellement dans le viseur de la justice, certains déjà placés sous mandat de dépôt.
Cependant, l’éventualité d’une procédure visant directement l’ancien président soulève des questions juridiques complexes. En l’état actuel, Macky Sall reste couvert par les immunités liées à son statut d’ancien chef d’État, sauf en cas de procédure devant la Haute Cour de Justice, rarement activée dans l’histoire du Sénégal.
Pour l’heure, le président Faye s’efforce de maintenir l’équilibre : envoyer un signal fort contre l’impunité, sans céder à la tentation de la chasse aux sorcières.
La rédaction de la SENTV.info