SENTV : Au lendemain de la dégradation de la note souveraine du Sénégal par l’agence Fitch Ratings – passée de B+ à B avec perspective négative – les réactions politiques continuent de fuser. L’une des plus tranchées est venue de Samba Sy, secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) et coordonnateur du Front Démocratique et Républicain (FDR), qui dénonce une gouvernance économique « aveuglée par l’orgueil et le déni ».
Invité dans l’émission Grand Jury Économie animée par Omar Gningue, l’ancien ministre du Travail a livré une analyse sans concession de la situation actuelle. Pour lui, le véritable problème n’est pas la mauvaise note, mais la réaction du gouvernement qu’il juge « émotionnelle et déconnectée des réalités économiques ».
« Ce qui est remarquable, c’est cette réaction d’énervement institutionnel. On préfère accuser l’instrument de mesure que d’assumer la fièvre. C’est le syndrome de celui qui casse le thermomètre parce qu’il ne veut pas voir la température », a-t-il fustigé.
Alors que les autorités sénégalaises ont mis en avant les 13 000 milliards FCFA d’engagements financiers obtenus lors du récent Forum International de Dakar sur le Financement du PSE, Samba Sy appelle à un examen plus lucide de la situation.
« Il y a des annonces, il y a de la communication, il y a de l’agitation. Mais sur le terrain, l’économie est à l’arrêt. C’est cela, la réalité », tranche-t-il.
Il cite à l’appui l’arrêt des chantiers publics, dont la tour de la RTS, emblématique de cette dynamique en panne. « Ce bâtiment qui devait symboliser la modernité est figé dans le béton. Quand le bâtiment ne va pas, rien ne va », rappelle-t-il, reprenant un adage bien connu du secteur.
Au-delà des projets étatiques, Samba Sy révèle avoir été contacté récemment par un opérateur économique en difficulté : « On parle peu de ce qui se passe dans les entreprises. Mais il y a une vague silencieuse de dégraissages en préparation. Le tissu productif est menacé, les trésoreries sont exsangues. »
Tout en prenant soin de reconnaître les acquis obtenus sous le régime auquel il a appartenu, l’ancien ministre se montre sévère envers le cap emprunté depuis l’alternance de mars 2024.
« Ce qui se met en place aujourd’hui est une gouvernance populiste, dans la posture permanente. Une voie de défiance, de tension, où il n’y a ni vision économique claire ni cap stratégique », dénonce-t-il.
Un appel à la responsabilité
Pour sortir de l’impasse, Samba Sy préconise un véritable changement de cap, basé sur la rigueur, la transparence budgétaire, la relance de l’investissement public structurant et un dialogue économique apaisé.
« Gouverner, c’est prévoir. On ne peut pas diriger un pays de 18 millions d’habitants comme on anime un plateau télé ou une page Facebook. Il faut de la méthode, du sérieux, et surtout, de la vérité. »
Il conclut son intervention par un message à l’endroit des dirigeants actuels : « Si les fondamentaux tiennent encore, ce n’est pas grâce à eux. Mais s’ils ne changent pas rapidement de cap, même ces ressorts risquent de céder. »
La rédaction de la SENTV.info