Tarifs de l’électricité : Noo Lank dénonce une « stratégie de précarisation » et appelle à la mobilisation du 17 octobre »
SENTV : Le collectif citoyen Noo Lank est de nouveau monté au front ce lundi lors d’une conférence de presse tenue à Dakar. Dans un contexte de flambée des prix de l’électricité, le mouvement dénonce une « injustice énergétique structurelle » et appelle à une grande mobilisation nationale le vendredi 17 octobre, pour exiger une réforme en profondeur du système tarifaire et une réponse d’urgence à la crise énergétique qui frappe ménages et entreprises.
Une facture énergétique devenue insoutenable
Selon Noo Lank, la situation actuelle illustre une déconnexion totale entre les politiques tarifaires de la Senelec et la réalité économique des Sénégalais. Le collectif pointe notamment du doigt les factures jugées exorbitantes, une consommation anormale relevée par les compteurs Woyofal, et un effondrement généralisé du pouvoir d’achat.
« Cette situation n’est ni normale, ni acceptable, ni durable. Les ménages suffoquent, les PME s’éteignent, les startups n’arrivent plus à supporter leurs charges. Il s’agit d’une stratégie de précarisation masquée sous des justifications techniques », a martelé un porte-parole de Noo Lank.
Système de tarification dans le viseur
L’un des principaux griefs du collectif porte sur le système de tarification appliqué au compteur Woyofal, dispositif prépayé massivement déployé au Sénégal. Noo Lank juge injuste qu’un usager qui paie à l’avance soit soumis au même tarif qu’un client postpayé.
« Woyofal donne une avance de trésorerie à la Senelec et élimine le risque d’impayés. Il doit logiquement bénéficier d’un tarif préférentiel. À défaut, c’est un détournement de sa vocation première, qui est de soulager les populations les plus vulnérables », a dénoncé le collectif.
Rencontres en demi-teinte avec les autorités
Malgré un dialogue amorcé, Noo Lank regrette l’échec de sa réunion avec le ministère de l’Énergie, reportée pour des raisons de coordination. Toutefois, des échanges jugés « fructueux » ont eu lieu avec la convergence syndicale des travailleurs de la Senelec, le directeur général de la société et Habib Sy, président de son conseil d’administration.
Ces discussions ont, selon le mouvement, permis de confirmer les constats alarmants vécus par les usagers, tout en mettant en évidence les limites structurelles du modèle actuel de gestion de l’énergie au Sénégal.
Un plaidoyer pour une réforme structurelle
Au-delà de la dénonciation, Noo Lank propose un ensemble de mesures concrètes pour une sortie de crise :
-
Paiement immédiat de la dette de l’État envers la Senelec ;
-
Augmentation des capacités nationales de production pour limiter les délestages ;
-
Réduction progressive de la dépendance aux IPP (producteurs indépendants d’électricité), qui assurent près de 70 % de la production actuelle ;
-
Accélération du projet gazier Yakaar-Teranga afin de réduire les coûts de production ;
-
Renégociation des contrats gaziers et énergétiques pour garantir l’intérêt national ;
-
Exigence de transparence absolue dans la gestion du secteur énergétique.
Mobilisation du 17 octobre : un appel citoyen au sursaut
Le collectif maintient sa mobilisation du vendredi 17 octobre 2025 à 15h, avec une marche prévue du rond-point Sipres au rond-point Pentola (deux voies Liberté 6). L’objectif : interpeller l’opinion publique, le gouvernement et les partenaires techniques sur la gravité de la situation.
« Cette marche sera populaire, pacifique et déterminée. Parce que l’électricité n’est pas un luxe, c’est un droit social fondamental et un levier essentiel de développement », affirme le communiqué officiel du collectif.
Face aux critiques, la Senelec a récemment démenti toute augmentation des tarifs réglementaires, assurant que les prix de l’électricité restent inchangés depuis la décision n°2023‑28 de la CRSE (Commission de régulation du secteur de l’énergie). L’entreprise évoque plutôt une hausse de la consommation liée à la chaleur, notamment pour les ménages équipés de climatiseurs ou ventilateurs.
Pourtant, sur le terrain, les plaintes s’accumulent, et la perception d’une hausse déguisée alimente les frustrations.
Une pression qui s’installe dans la durée
Avec cette nouvelle mobilisation, Noo Lank entend relancer le débat public sur l’accès équitable à l’énergie et forcer les autorités à revoir un modèle jugé « économiquement inefficace, socialement injuste et écologiquement vulnérable ».
Le 17 octobre pourrait ainsi marquer un tournant dans la contestation citoyenne contre la gestion énergétique actuelle, si la mobilisation annoncée tient ses promesses.
La rédaction de la SENTV.info