Guinée : Vague de certifications de partis à l’approche de la présidentielle, mais les doutes persistent
SENTV : À un peu plus de deux mois de l’élection présidentielle prévue le 28 décembre prochain, la Guinée connaît une recomposition notable de son paysage politique. Cinquante-et-un nouveaux partis viennent d’être certifiés par les autorités de transition, s’ajoutant aux 73 déjà validés en mars 2025, à l’issue d’une mission d’évaluation des partis politiques initiée par le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation.
Officiellement, cette démarche vise à « assainir » l’espace politique et à garantir une meilleure lisibilité du processus démocratique. Le pays comptait jusqu’à récemment plus de 200 formations politiques, un émiettement souvent dénoncé pour son manque de structuration et ses effets négatifs sur la gouvernance.
Pourtant, cette vague de certifications soulève de nombreuses interrogations. Quels critères ont guidé cette sélection ? Sur quelles bases certains partis ont-ils été exclus ? Plusieurs voix issues de la société civile et de partis non certifiés dénoncent un manque de transparence dans la procédure et pointent une possible instrumentalisation politique en vue du scrutin de décembre.
« On ne peut pas reconstruire la démocratie en Guinée sur des bases floues. Il faut de la clarté, des règles du jeu équitables et l’inclusion réelle des forces politiques majeures », insiste l’analyste politique Kabinet Fofana, qui souligne également l’importance de la participation des principaux partis historiques pour conférer légitimité au futur président.
La Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par le général Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État ayant renversé le président Alpha Condé. Les autorités de transition ont annoncé un calendrier politique censé conduire à un retour à l’ordre constitutionnel en 2026. L’élection présidentielle de décembre représente une étape clé de ce processus, même si de nombreux observateurs s’interrogent sur la tenue effective et la crédibilité du scrutin.
Les partenaires internationaux, notamment la CEDEAO et l’Union africaine, suivent de près l’évolution de la situation, exigeant un processus électoral inclusif, libre et transparent.
Malgré la réduction apparente du nombre de partis, le nombre total certifié s’élève désormais à 124 formations politiques. Une pluralité qui interroge sur la capacité réelle de ces partis à mobiliser, structurer un programme politique cohérent et représenter des courants significatifs de la population.
Dans ce contexte, la reconnaissance officielle ne garantit pas la représentativité. L’absence de figures majeures de l’opposition, ou leur marginalisation dans le processus, pourrait fragiliser la crédibilité du scrutin et ouvrir la voie à de nouvelles contestations.
En résumé, si la certification des partis politiques en Guinée est présentée comme un jalon vers la normalisation démocratique, elle demeure entachée de zones d’ombre. À l’approche du 28 décembre, la légitimité du processus électoral dépendra de la capacité des autorités à garantir l’inclusion, la transparence et la confiance des électeurs.
La rédaction de la SENTV.info