Trafic humain et escroquerie à Ndiakhirate : la DNLT démantèle un réseau d’exploitation déguisé en opportunité de voyage
SENTV : La Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT) a frappé un grand coup dans la lutte contre les réseaux d’exploitation transnationale. Trois individus ont été présentés, ce 27 octobre, au Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Mbour pour complicité de traite de personnes, escroquerie et association de malfaiteurs.
Cette opération est le fruit d’une enquête minutieuse, déclenchée après la plainte d’une jeune femme étrangère qui a dénoncé un système frauduleux dissimulé derrière une promesse de voyage vers le Royaume-Uni.
Selon les premières informations recueillies, la victime avait été approchée par des individus se présentant comme des recruteurs d’une prétendue agence capable de faciliter un départ vers l’Angleterre. Persuadée de la légitimité du projet, elle aurait versé 900 000 F CFA, avec l’engagement de solder 1 300 000 F CFA supplémentaires une fois son voyage effectué.
Mais arrivée au Sénégal, la jeune femme découvre la supercherie : au lieu d’un centre de préparation au voyage, elle se retrouve dans une maison à Ndiakhirate, où une vingtaine d’autres personnes – parmi lesquelles des femmes et des nourrissons – étaient également piégées.
Consciente du danger, la victime a tenté d’alerter les autres avant d’être conduite de force vers l’aéroport, sous prétexte d’un embarquement. C’est là qu’elle réussit à dénoncer ses ravisseurs auprès des autorités du Commissariat spécial de l’AIBD, déclenchant l’intervention de la DNLT.
L’enquête révèle que le réseau opérait sous couverture d’une activité commerciale et de formation, utilisant les méthodes typiques du système Qnet, déjà dénoncé à plusieurs reprises en Afrique de l’Ouest pour ses pratiques assimilées à de la traite et de l’exploitation économique.
Les recruteurs exigeaient des nouvelles recrues l’achat d’un objet – pendentif ou dispositif dit « biorisque » – d’une valeur minimale de 550 000 F CFA, condition indispensable à leur adhésion. En contrepartie, chaque membre espérait percevoir entre 60 et 100 euros pour chaque nouvel enrôlement.
Derrière cette façade commerciale, le réseau fonctionnait comme une chaîne pyramidale, exploitant financièrement des ressortissants venus de Guinée, du Congo et de Côte d’Ivoire. Tous suivaient une formation de persuasion visant à recruter d’autres victimes, propageant ainsi le cycle d’exploitation.
Les trois individus arrêtés ont reconnu leur participation, tout en affirmant avoir eux-mêmes été dupés. Selon leurs déclarations, un quatrième suspect, identifié comme le principal animateur du réseau, est parvenu à prendre la fuite après la première interpellation à l’aéroport.
L’un des mis en cause a indiqué avoir été séduit par une prétendue école de football “AJEL de Rufisque”, censée combiner sport et études. Ce projet fictif servait en réalité de couverture pour le recrutement de jeunes en quête d’opportunités à l’étranger.
Grâce à la coordination entre la DNLT et le Commissariat spécial de l’AIBD, le réseau a pu être neutralisé avant de causer de nouvelles victimes. L’enquête reste ouverte afin d’identifier les complices et de démanteler les ramifications éventuelles du groupe.
Les autorités rappellent que la traite de personnes et le trafic de migrants constituent des crimes graves, punis par la loi sénégalaise et les conventions internationales ratifiées par le Sénégal.
« La Police nationale reste mobilisée pour protéger les citoyens et les résidents contre toutes les formes d’exploitation », a indiqué la DNLT dans un communiqué, invitant la population à signaler toute activité suspecte au numéro vert 800 00 17 00.
La rédaction de la SENTV.info