Abidjan : l’opposition ivoirienne fait bloc à Yopougon pour contester la radiation de Thiam et Gbagbo

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SENTV : À moins d’un an de la présidentielle, la tension monte en Côte d’Ivoire. Ce samedi, une marche pacifique de l’opposition, réunissant le PDCI-RDA et le PPA-CI, a rassemblé plusieurs milliers de militants dans la commune de Yopougon, à Abidjan. Objectif : protester contre l’exclusion de Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo de la liste électorale, et dénoncer la perspective d’un quatrième mandat du président Alassane Ouattara.

Une mobilisation d’ampleur maîtrisée

Le cortège, parti simultanément de deux points — le carrefour du feu du terminus 40 et le carrefour Saguidiba — a convergé vers la Place Ficgayo, emblématique de l’histoire politique ivoirienne. Les manifestants, vêtus de tee-shirts aux couleurs de leurs partis, brandissaient des pancartes dénonçant “l’injustice électorale”, et scandaient des slogans en faveur des deux figures majeures de l’opposition : Tidjane Thiam, président du PDCI, et Laurent Gbagbo, leader du PPA-CI.

Sur les banderoles, on pouvait lire : “Pas de démocratie sans Thiam et Gbagbo” ou encore “Non au 4e mandat, respectez la Constitution”.

Contexte juridique tendu

Le 22 avril 2025, le tribunal de première instance d’Abidjan a confirmé la radiation de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam du fichier électoral, invoquant, pour le premier, une condamnation judiciaire non purgée, et pour le second, une “incompatibilité liée à un litige administratif encore pendant”. Cette décision a été perçue par l’opposition comme une tentative d’écarter arbitrairement ses principaux candidats de la course à la présidence.

Une stratégie d’unité face au pouvoir

Cette marche, organisée sous la bannière d’un front commun PDCI–PPA-CI, marque un rapprochement stratégique entre les deux principales formations de l’opposition. Elle envoie également un message clair au pouvoir exécutif : l’opposition entend peser de tout son poids pour obtenir des élections inclusives et transparentes.

“La démocratie ne peut s’accommoder d’une exclusion politique déguisée en procédure judiciaire”, a déclaré un cadre du PDCI depuis la tribune improvisée à Ficgayo.

Une marche encadrée, sans heurts

Malgré l’importance de la mobilisation, aucun incident majeur n’a été signalé. Les forces de l’ordre, déployées en nombre le long du parcours, ont encadré la manifestation sans intervention musclée, contrairement à certains précédents. Cette accalmie est perçue comme un signe d’ouverture, mais aussi comme une vigilance accrue du pouvoir face à une contestation qui gagne en cohésion.

Vers une escalade ou un dialogue ?

Alors que les tensions politiques s’intensifient, cette démonstration de force soulève une question centrale : le gouvernement Ouattara acceptera-t-il de rouvrir le débat électoral pour garantir la participation de tous les leaders majeurs ? Ou persistera-t-il dans une ligne judiciaire stricte, au risque de provoquer un nouveau cycle de crispations politiques dans un pays encore marqué par les crises postélectorales passées ?

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