SENTV : Le débat autour du rôle et de la posture d’un ancien chef d’État sur la scène internationale s’invite de nouveau dans l’actualité politique sénégalaise. Invité de l’émission Point de Vue diffusée dimanche soir sur la RTS, Habib Sy, ministre d’État et président du conseil d’administration de la Senelec, n’a pas mâché ses mots à l’encontre de l’ex-président Macky Sall. Il lui reproche ouvertement de continuer des activités à caractère politique depuis l’étranger, une attitude jugée « inacceptable » selon lui.
« Je vois Macky Sall plastronner à travers le monde. Un ancien président ne devrait pas continuer à mener des activités politiques depuis un pays étranger qui l’a accueilli », a lancé Habib Sy en direct, dans un ton à la fois grave et critique. Pour l’ancien ministre sous le régime de Me Abdoulaye Wade, le retour au pays est la seule option légitime pour quiconque souhaite continuer à peser politiquement : « S’il veut faire de la politique, il doit rentrer au Sénégal. »
Cette sortie médiatique intervient dans un contexte où Macky Sall, aujourd’hui président du Conseil présidentiel de l’Union africaine sur la transition énergétique, multiplie les déplacements à l’étranger, notamment à New York, où il s’est récemment exprimé lors d’un forum international. Une activité perçue par Habib Sy comme étant plus politique que diplomatique : « Ce qu’il a fait à New York, ce n’est pas de la diplomatie. Cela brouille notre message en tant qu’État souverain. »
Sécurité politique : une préoccupation majeure
Au-delà de la question de la légitimité des activités de Macky Sall, Habib Sy a évoqué des enjeux plus larges liés à la sécurité de l’État. « Notre pouvoir n’est pas suffisamment sécurisé. Quand des personnalités sont interpellées à l’aéroport, cela signifie que des fragilités subsistent. Il faut en prendre conscience. »
Il appelle l’État à prendre ses responsabilités pour éviter toute forme de confusion ou d’ingérence extérieure dans les affaires nationales. Bien qu’il précise qu’il ne souhaite pas l’émission d’un mandat d’arrêt contre l’ancien président, ses propos soulignent une inquiétude réelle quant à l’équilibre politique actuel.
Une sortie qui relance le débat
Les déclarations de Habib Sy remettent au centre des discussions le rôle des anciens chefs d’État dans la vie politique nationale après leur mandat. Faut-il leur imposer une réserve diplomatique ? Leurs engagements à l’étranger peuvent-ils constituer une interférence dans les affaires internes ?
Alors que le Sénégal tente de consolider ses institutions démocratiques après l’alternance de mars 2024, ce type de sortie médiatique expose les lignes de tension persistantes entre figures de l’ancien régime et les nouvelles autorités.
Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été enregistrée du côté de Macky Sall ou de ses proches collaborateurs. Mais cette polémique pourrait bien remettre sur la table la question, souvent éludée, du statut des anciens présidents et de leur marge de manœuvre dans la sphère publique internationale.
La rédaction de la SENTV.info