Affaire Bibiche : le réalisateur Ibrahima Marico condamné, la justice tranche entre responsabilité artistique et protection des mineurs
SENTV : Le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict ce jeudi dans l’affaire devenue emblématique des dérives numériques et de la protection des mineurs dans l’univers artistique sénégalais. Le réalisateur Ibrahima Marico a été reconnu coupable de complicité de diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs, dans le cadre du tournage du clip « Foumou dal Baxna », mettant en scène la jeune chanteuse Bibiche, âgée de 17 ans au moment des faits.
Le tribunal a condamné M. Marico à deux ans de prison avec sursis assortis d’une amende de 300 000 francs CFA. Une peine relativement clémente, au regard des réquisitions du parquet, qui avait demandé six mois de prison dont un mois ferme.
À la barre, le réalisateur a reconnu avoir tourné la vidéo polémique, tout en se dédouanant partiellement : il affirme avoir conseillé à l’artiste de se vêtir de manière plus décente, une recommandation que Bibiche aurait refusée. Un argument qui n’a pas suffi à convaincre la cour, pour qui la responsabilité du réalisateur demeure engagée, notamment en raison de la minorité de la chanteuse et du caractère public de la diffusion.
Selon les journalistes du quotidien Wal Fadjri, présents à l’audience, le ton a oscillé entre reconnaissance des faits et tentative d’atténuation de la culpabilité, sur fond de débat plus large autour de la régulation du contenu audiovisuel au Sénégal.
Quant à Bibiche, révélée par les réseaux sociaux mais désormais au centre d’une controverse nationale, elle a été déclarée coupable le 29 août dernier. En tant que mineure, elle a été placée sous la supervision de l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), une mesure éducative visant à l’accompagner dans un cadre structurant sans incarcération.
Cette double condamnation illustre la volonté des autorités judiciaires de poser des limites claires à l’exploitation de l’image des mineurs, dans un contexte de viralité numérique où les repères moraux et juridiques sont souvent mis à mal.
La rédaction de la SENTV.info