Affaire des fonds Covid-19 : L’Assemblée nationale lève l’immunité de deux anciens ministres du régime Macky Sall
SENTV : La pression judiciaire s’intensifie autour de la gestion controversée des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Ce vendredi, l’Assemblée nationale du Sénégal a voté, à une large majorité, la levée de l’immunité parlementaire de deux anciens membres influents du gouvernement de Macky Sall : Ndèye Saly Diop Dieng et Moustapha Diop.
Ces décisions, adoptées à la suite d’un vote en séance plénière, interviennent dans le sillage du rapport de la Cour des comptes publié en décembre 2022. Ce rapport, particulièrement accablant, avait mis en lumière de graves irrégularités dans la gestion des 1000 milliards de FCFA mobilisés au titre du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force Covid-19).
Ndèye Saly Diop Dieng visée par une enquête judiciaire
Ancienne ministre de la Femme, de la Famille et du Genre, aujourd’hui députée, Ndèye Saly Diop Dieng est accusée de mauvaise gestion présumée de fonds publics dans le cadre de la riposte sanitaire. La levée de son immunité parlementaire ouvre désormais la voie à son audition par la justice, dans le cadre de l’information judiciaire diligentée par le parquet. Le montant et les modalités exactes des fonds impliqués dans ce volet de l’affaire n’ont pas encore été officiellement communiqués, mais la Cour des comptes évoquait dans son rapport une absence de justificatifs pour certains décaissements liés à des marchés publics.
Moustapha Diop : une seconde levée d’immunité en deux ans
L’Assemblée nationale a également approuvé, par 116 voix pour sur 124 votants, la levée de l’immunité du député-maire de Louga, Moustapha Diop, ancien ministre du Développement industriel et des PME. Déjà ciblé en 2023 dans un précédent volet de l’enquête, il est soupçonné d’irrégularités portant sur 2,5 milliards de FCFA destinés à l’achat de masques de protection.
Selon les éléments de l’enquête menée par la Division des Investigations Criminelles (DIC), plusieurs anomalies ont été relevées : paiements en espèces non traçables, non-respect des règles de passation des marchés, et un déficit de plus de deux millions de masques dans la distribution réelle. Ces éléments, jugés suffisamment graves par le ministère de la Justice, ont motivé la nouvelle demande de levée d’immunité.
Vers une judiciarisation accrue de la gestion des fonds Covid
Ces nouvelles levées d’immunité s’inscrivent dans un contexte de redéfinition des priorités institutionnelles autour de la reddition des comptes et de la gouvernance transparente. L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), de même que la Cour des comptes et les juridictions financières, sont appelés à jouer un rôle central dans l’évaluation et le suivi de ces dossiers hautement sensibles.
Le signal est clair : sous le magistère du président Bassirou Diomaye Faye, les affaires liées à la gestion des fonds publics pendant la crise sanitaire ne seront pas classées sans suite.
La rédaction de la SENTV.info