Affaire « Keur Yeurmandé » : vers un procès retentissant pour Ndella Madior Diouf, des coaccusés en fuite

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SENTV : L’affaire Ndella Madior Diouf, qui avait secoué l’opinion publique fin 2023, entre dans une nouvelle phase judiciaire. Selon les informations publiées ce lundi 30 juin par le quotidien Les Échos, la fondatrice de la controversée pouponnière « Keur Yeurmandé » sera prochainement jugée devant la chambre correctionnelle, en compagnie de plusieurs coaccusés. Un développement crucial qui relance le débat autour de la régulation des structures d’accueil pour enfants vulnérables au Sénégal.

Le juge d’instruction, chargé du dossier depuis plus d’un an, a prononcé un renvoi en jugement, tout en abandonnant certaines charges initialement retenues par le parquet. Si les détails exacts des griefs écartés ne sont pas encore connus, cette décision marque un tournant dans une procédure qui a cristallisé l’indignation collective.

Placée sous mandat de dépôt depuis 18 mois, Ndella Madior Diouf fait face à de lourdes accusations : homicide involontaire, traite de personnes, exercice illégal de la médecine, privation de soins, obtention frauduleuse de certificats d’inhumation, ainsi qu’exploitation non autorisée d’une pouponnière. Des infractions qui, cumulées, traduisent la gravité des faits reprochés à la promotrice de cette structure de prise en charge d’enfants en difficulté.

L’enquête de la Brigade de protection de la Sûreté urbaine est accablante : six nourrissons seraient décédés dans des conditions suspectes, tandis que 48 autres enfants ont été retrouvés en état de malnutrition ou de négligence sévère. Ces derniers avaient été immédiatement transférés dans des structures sanitaires, puis confiés à des services sociaux spécialisés.

Dans cette affaire à tiroirs, un nouveau rebondissement est venu alourdir le dossier : trois co-inculpés de Ndella Madior Diouf sont aujourd’hui introuvables. Il s’agit de Cheikh Tidiane Ndiaye (assistant), Djiby Sow (gardien) et El Hadji Sène (animateur à Saphir FM). Ces derniers sont suspectés d’avoir procédé à l’inhumation clandestine de deux bébés, une opération qualifiée d’illégale par les enquêteurs. Un procès-verbal de carence a été dressé pour constater leur fuite, signe d’un possible démantèlement de réseaux plus vastes ou d’une volonté manifeste d’échapper à la justice.

Malgré plusieurs demandes de liberté provisoire, Ndella Madior Diouf reste en détention en attendant son procès, dont la date n’a pas encore été arrêtée. L’onde de choc provoquée par cette affaire continue de se faire sentir dans l’opinion, notamment chez les acteurs de la protection de l’enfance et les professionnels de la petite enfance, qui réclament des réformes structurelles urgentes pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.

À l’approche du procès, l’affaire « Keur Yeurmandé » s’annonce comme l’un des plus médiatiques et sensibles de la décennie judiciaire sénégalaise, tant les enjeux humains, sociaux et éthiques qu’elle soulève sont profonds.

La rédaction de la  SENTV.info

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