Affaire Kocc Barma : 9000 fichiers, 93 millions FCFA et un réseau de chantage sexuel à l’échelle industrielle
SENTV : C’est un véritable empire de la cybercriminalité que vient de mettre au jour la Division spéciale de lutte contre la cybercriminalité (DSC). El Hadji Babacar Dioum, connu sous le pseudonyme « Kocc Barma », est aujourd’hui au centre d’un scandale numérique d’une ampleur inédite au Sénégal, mêlant extorsion, atteinte à la vie privée, et blanchiment de capitaux.
Arrêté le 17 juillet à 6h05 lors d’une opération ciblée, Dioum a été interpellé par les unités de la DSC après plusieurs mois d’investigations techniques. Il est soupçonné d’être le principal cerveau derrière les plateformes Seneporno et Babiporno, tristement célèbres pour la publication de contenus intimes non consentis.
Des chiffres qui donnent froid dans le dos
Lors de l’analyse de son matériel informatique, notamment un MacBook Pro protégé par mot de passe, les enquêteurs ont découvert :
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9000 fichiers classés de façon méthodique
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407 vidéos à caractère sexuel explicite, regroupées dans un dossier nommé « Seneg »
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4191 images et vidéos de nouvelles cibles potentielles, sous l’intitulé « Newgirls »
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Des répertoires baptisés « Paid not to publish », « Preuve », ou encore « WhatsApp unknown », indiquant un système organisé de chantage numérique basé sur la menace de publication
Des victimes piégées et réduites au silence
Les victimes, majoritairement sénégalaises, ont été filmées à leur insu ou piégées dans des relations intimes numériques. Afin d’éviter la diffusion publique de ces contenus, certaines ont été contraintes de verser d’importantes sommes d’argent.
Parmi les montants révélés par l’enquête :
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2 millions FCFA versés par une femme identifiée sous les initiales S.A.L
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9 668 euros (environ 6,3 millions FCFA) transférés par une autre victime, A.M.N
Les revenus totaux issus de ces activités illégales s’élèveraient à 93 millions FCFA, dont 43 millions directement encaissés via la régie publicitaire Exoclick, spécialisée dans les sites pour adultes, et plus de 50 millions envoyés par un complice encore en fuite.
Un arsenal numérique saisi
Deux perquisitions, à Sicap Mbao (dans son restaurant Eddys) et à Ngor, ont permis la saisie de matériels lourds :
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18 téléphones portables activement utilisés
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1 brouilleur de signal, nié par le mis en cause
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6 clés de voiture, un vidéoprojecteur, et des faux carnets de vaccination
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Des supports numériques et un modem portatif servant à la diffusion des vidéos
Ce matériel prouve, selon les enquêteurs, l’existence d’une structure criminelle professionnelle, dotée d’un circuit de stockage, de diffusion et de monétisation.
Une organisation aux allures de mafia numérique
L’enquête révèle une organisation criminelle transfrontalière, utilisant des plateformes internationales pour contourner les législations locales. Le profil de Dioum, administrateur de société né en 1987 à Dakar, et les sommes colossales générées indiquent l’existence d’un réseau sophistiqué de chantage et de blanchiment.
La rédaction de la SENTV.info