Affaire Kocc Barma : pourquoi Seneporno a échappé à une fermeture immédiate

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SENTV : Alors que Babiporno a été promptement désactivé dans la foulée de l’arrestation de Kocc Barma, de son vrai nom El Hadji Babacar Dioum, le site Seneporno, également administré par le principal mis en cause, est demeuré actif plusieurs jours avant d’être finalement bloqué. Une situation qui a suscité l’étonnement de nombreux observateurs, au vu de la nature sensible et illégale des contenus diffusés.

Selon les informations du quotidien Libération, cette apparente inertie n’était en réalité qu’un stratagème opérationnel déployé par les enquêteurs de la Division spéciale de cybersécurité (DSC). Ces derniers auraient volontairement laissé la plateforme active pour permettre la collecte de données techniques et l’identification d’éventuels complices ou contributeurs, mais aussi pour tracer les utilisateurs qui consultaient ou téléchargeaient les contenus illicites.

« Laisser Seneporno en ligne faisait partie d’une stratégie de surveillance numérique. Le but était de ne pas alerter trop tôt les personnes impliquées, tout en consolidant les éléments de preuve », confie une source proche de l’enquête.

Une double administration sous pseudonyme

El Hadji Babacar Dioum, identifié comme l’administrateur principal des deux plateformes pornographiques, est soupçonné d’avoir diffusé, pendant plusieurs années, des images et vidéos à caractère sexuel sans le consentement des personnes filmées, souvent mineures ou vulnérables. Il se servait de pseudonymes pour opérer sur les réseaux sociaux et héberger les contenus sur des serveurs étrangers, principalement hors de la juridiction sénégalaise, compliquant ainsi toute intervention technique immédiate.

La fin d’une ère d’impunité numérique ?

Avec la fermeture définitive de Seneporno, les autorités marquent un tournant dans la répression des cybercrimes liés à la vie privée et à la dignité humaine. Des milliers de victimes, souvent issues de chantages affectifs, de relations intimes filmées à leur insu ou de piratage de données personnelles, espèrent désormais que justice sera rendue.

L’affaire Kocc Barma, devenue emblématique des dérives numériques au Sénégal, relance le débat sur la législation relative à la cybersécurité et à la protection des données personnelles, alors que les plateformes illégales prolifèrent dans un cadre technique encore trop permissif.

Vers un renforcement du cadre légal

L’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), en collaboration avec le ministère de la Justice et la DSC, envisage de nouvelles dispositions juridiques pour contraindre les hébergeurs internationaux à coopérer plus rapidement en cas de signalements. Une task force spécialisée en cybercriminalité pourrait également voir le jour, afin de traiter ces affaires avec plus de réactivité et de précision.

« Il ne s’agit pas seulement de fermer un site, mais de comprendre toute une chaîne, des fournisseurs d’hébergement aux producteurs de contenus, en passant par les plateformes de monétisation », souligne un expert en droit numérique.

Avec la fermeture tardive mais stratégique de Seneporno, les autorités sénégalaises semblent désormais vouloir adresser le problème à la racine, en s’attaquant non seulement aux auteurs, mais aussi à l’écosystème technique et économique qui rend possible ce type de criminalité.

La rédaction de la SENTV.info 

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