Affaire Postefinances–Saar Vie : un “effacement” de 1,4 milliard FCFA sous le regard du parquet financier

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SENTV : Un nouveau dossier à forts relents de malversations secoue l’univers des finances publiques sénégalaises. Le parquet financier s’est saisi d’une enquête portant sur un protocole d’accord jugé irrégulier entre Postefinances, filiale de La Poste, et la société d’assurance Saar Vie SA. En jeu : l’effacement suspect d’une dette publique de 1,396 milliard de francs CFA, pourtant actée par une décision de justice définitive.

Selon des informations révélées par Libération, cette affaire trouve son origine dans un litige judiciaire datant de plus d’une décennie, au terme duquel Saar Vie SA et la société Sagef avaient été condamnées en 2021 à verser près de 1,4 milliard FCFA à Postefinances. En complément, une hypothèque avait été validée sur 11 immeubles appartenant à l’assureur, garantissant l’exécution du jugement.

Mais alors que cette décision semblait acquise, un revirement inattendu est survenu : Postefinances aurait signé, sans l’accord de son conseil d’administration, un protocole d’accord avec Saar Vie, annulant pratiquement la totalité de la condamnation et de l’hypothèque. Cet accord controversé, intervenu dans un contexte de tensions de trésorerie au sein de La Poste, a suscité l’alerte des autorités judiciaires.

Trois personnalités sont dans le viseur de la Division des investigations criminelles (DIC) :

  • Mouhamadou Diaité, ex-directeur général de La Poste,

  • Abdou Aziz Diallo, ancien directeur général de Postefinances,

  • Amadou Diagne, président du conseil d’administration de Saar Vie SA.

Ces anciens responsables devront s’expliquer sur la chaîne de décisions ayant conduit à ce qu’on qualifie désormais de « cadeau financier » injustifié, portant potentiellement atteinte aux intérêts de l’État. Le parquet financier enquête notamment sur d’éventuelles infractions telles que l’abus de biens sociaux, la concussion, ou encore l’entente frauduleuse.

Ce scandale met en lumière les défaillances dans la gouvernance de certaines entreprises publiques, et soulève une fois encore la question de la reddition des comptes dans la gestion des ressources collectives. Alors que les autorités affichent leur volonté de moraliser la vie publique, ce dossier vient rappeler les fragilités systémiques de plusieurs structures stratégiques.

La suite de l’enquête dira si cette affaire basculera dans le champ pénal, mais une chose est d’ores et déjà certaine : l’image de La Poste et de ses filiales en sort sérieusement écornée.

La rédaction de la SENTV.info

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