SENTV : Ce qui n’était, au départ, qu’un énième cas de trafic de drogue entre la France et le Sénégal s’est transformé en une affaire tentaculaire mêlant narcotrafic, argent sale et soupçons de blanchiment à l’échelle internationale. Au cœur du dossier : A. Wayzani, un jeune homme d’origine sénégalo-libanaise, arrêté en juillet 2024 à Dakar. Aujourd’hui, son dossier n’est plus seulement du ressort de la justice pénale, mais entre désormais dans le champ de compétence du Pool judiciaire financier (PJF), signe de son ampleur.
L’affaire débute lorsqu’un colis contenant plusieurs kilos de haschich est acheminé à Dakar depuis la France par une mule, qualifiée dans le jargon des trafiquants de « GP ». Dès son arrivée à l’aéroport international Blaise-Diagne, la convoyeuse entre en contact avec Wayzani, présumé destinataire de la marchandise. Il délègue alors un livreur pour la récupération. Ce dernier est interpellé, tout comme la mule, par les éléments de l’OCRTIS, qui avaient été prévenus en amont par les services de sécurité de l’ambassade du Sénégal à Paris.
Lors de son interrogatoire, le livreur admet avoir travaillé pour Wayzani, mais affirme ne jamais avoir eu connaissance du contenu exact des paquets transportés. L’enquête s’accélère alors, et les investigations conduisent à l’arrestation de Wayzani lui-même. Une perquisition à son domicile est menée, mais elle ne permet pas de mettre la main sur d’autres suspects ou éléments matériels flagrants.
Malgré plusieurs jours en garde à vue, Wayzani oppose un mutisme total. Il ne livre aucun nom, aucune adresse, rien qui pourrait mener à d’éventuels complices. Mais l’enquête prend un nouveau virage lorsqu’apparaît une donnée inattendue : l’étendue de son patrimoine.
Le jeune homme, présenté par certaines sources comme psychologiquement instable, dispose pourtant de biens difficilement justifiables pour un homme de son profil. Plusieurs véhicules de luxe sont identifiés à son nom, tout comme des propriétés situées sur la Petite Côte sénégalaise, ainsi qu’à Ifrane, station huppée du Maroc connue pour attirer une clientèle aisée.
Ces éléments attisent l’intérêt du parquet financier, et plus particulièrement du procureur Abdoulaye Sylla, qui décide de s’autosaisir. Un réquisitoire supplétif est déposé par le parquet de Dakar, permettant au PJF de prendre le relais de l’enquête. Selon les informations du journal L’AS, l’objectif est désormais de retracer les flux financiers liés à la fortune suspecte de Wayzani et, au-delà, d’identifier les circuits du blanchiment.
« On est peut-être face à une organisation internationale qui dépasse le seul cadre du trafic de drogue », confie un magistrat sous anonymat. « Le profil du suspect et ses connexions présumées orientent l’enquête vers une nébuleuse plus vaste, mêlant criminalité organisée, trafic de stupéfiants et investissements immobiliers de couverture. »
L’enquête financière, encore au stade préliminaire, cherche à déterminer si les avoirs de Wayzani proviennent de circuits classiques ou s’ils sont le fruit d’activités illicites. L’affaire pourrait donc rebondir à l’international, notamment en France et au Maroc, où des demandes de coopération judiciaire ne sont pas à exclure.
Une chose est certaine : l’affaire Wayzani, par son profil discret, son silence stratégique, et ses liens présumés avec une logistique mafieuse transnationale, met en lumière une nouvelle génération de trafiquants moins visibles, mais tout aussi efficaces. Et plus difficile encore à démanteler.
La rédaction de la SENTV.info