AIBD dans la tourmente : Une agente de 2AS déférée pour disparition suspecte d’un colis de pièces mécaniques de 32 kg
SENTV : L’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) est une nouvelle fois secoué par une affaire mettant en cause l’intégrité du personnel aéroportuaire. Une agente d’enregistrement de la société 2AS, prestataire en charge de l’assistance aux passagers, a été arrêtée par la Division des investigations criminelles (DIC) dans le cadre d’une enquête portant sur la disparition d’un colis de haute valeur.
Selon les informations exclusives relayées par le journal Libération, l’affaire remonte au 20 janvier 2025. A. Mbaye, une cheffe d’entreprise sénégalaise en provenance de Chine via Istanbul sur un vol Turkish Airlines, constate à son arrivée à Dakar la disparition d’un colis de 32 kg. Ce carton, bien identifié à son nom, contenait 25 pompes filtres destinées à des camions ainsi que d’autres pièces mécaniques, un envoi confié par un commerçant basé à Guangzhou.
Alerté, le chef d’escale de la compagnie turque confirme que le colis a bien été localisé dans le bureau de N.S.B. Ndiaye, agente de 2AS. Cette dernière aurait même reconnu l’avoir vu et identifié les inscriptions qui y figuraient. Pourtant, à la surprise générale, le colis n’est plus localisable quelques jours plus tard.
Auditionnée par la DIC, N.S.B. Ndiaye tente d’expliquer la situation : elle admet avoir été contactée par la plaignante début février et reconnaît avoir vu un colis similaire, sans pouvoir affirmer qu’il s’agissait du même. Elle soutient qu’elle n’était pas chargée du suivi de ce bagage et qu’elle ne s’était impliquée qu’à la demande d’un ancien collègue.
Cependant, d’autres témoignages viennent fragiliser sa défense. R.D. Faye, responsable du service « Litiges et bagages » de 2AS, indique que l’agente lui avait signalé avoir entreposé le colis sous son bureau, dans un espace supposé sécurisé. Il précise également que les locaux sont partagés en rotation par différents agents, ce qui, selon la mise en cause, pourrait expliquer une disparition accidentelle.
Mais l’élément décisif reste l’exploitation des caméras de surveillance. Selon les enquêteurs de la DIC, les images captées le 20 janvier, jour d’arrivée de la plaignante, montrent bien un colis correspondant à la description, déposé près du tapis bagages. Quelques heures plus tard, un homme en gilet bleu, transportant d’autres cartons similaires, le récupère.
Un détail qui contredit directement la version de l’agente Ndiaye, qui affirmait avoir mis la main sur le colis bien après cette date et l’avoir stocké en lieu sûr.
Face aux incohérences de sa déposition et à l’absence de preuves l’innocentant, N.S.B. Ndiaye a été présentée au parquet ce mercredi. Elle est poursuivie pour vol présumé de biens appartenant à autrui, dans un espace sécurisé relevant de la zone aéroportuaire. Le dossier, particulièrement sensible, soulève de sérieuses interrogations sur les mécanismes de contrôle et de sécurité au sein de l’AIBD.
La victime, toujours dans l’attente d’un dénouement favorable, réclame la restitution de son colis ou, à défaut, le remboursement intégral des pertes estimées à plusieurs millions de francs CFA.
Ce nouveau scandale jette une ombre sur la réputation de l’AIBD, déjà critiqué ces derniers mois pour des problèmes récurrents de gestion de bagages et de transparence dans ses services d’assistance. La société 2AS, prestataire clé du dispositif aéroportuaire, devra s’expliquer sur les procédures internes de surveillance et de responsabilité de ses agents.
Le parquet pourrait bientôt décider d’ouvrir un procès si les charges sont confirmées. En attendant, l’affaire alimente les débats sur la rigueur du système de sûreté aéroportuaire sénégalais.
La rédaction de la SENTV.info