SENTV : Le climat politique sénégalais continue de susciter des inquiétudes, notamment chez les défenseurs des droits humains. Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom Center et figure emblématique de la société civile, a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme, dénonçant une dynamique de radicalisation et appelant à une rupture avec ce qu’il qualifie de pratiques politiques rétrogrades.
Tout est parti d’une vive réaction du journaliste Serigne Saliou Gueye, directeur de publication du quotidien Yor Yor, qui a critiqué la position d’Alioune Tine en faveur de la libération de Badara Gadiaga, chroniqueur emprisonné pour des propos jugés offensants à l’endroit du Premier ministre Ousmane Sonko. Lors d’une émission, le journaliste s’est étonné que Tine, qui dit bloquer les insultes sur les réseaux sociaux, puisse défendre la liberté d’expression dans ce contexte :
« Celui qui peut bloquer pour des insultes est capable d’envoyer des gens en prison », a-t-il insinué.
Une réponse claire et nuancée
Sur sa page X (anciennement Twitter), Alioune Tine a d’abord corrigé l’erreur factuelle :
« Pas sur Facebook, je bloque les insulteurs, je ne les mets pas en prison, je n’en ai pas le pouvoir. »
Il a ensuite clarifié sa ligne de pensée :
« Nous avons toujours prôné le respect mutuel entre adversaires politiques. Aujourd’hui, c’est le règne de la radicalisation, de l’antagonisme politique, de la logique ami/ennemi, des simplifications, des fake news et des théories complotistes. Personne n’y gagne. »
Le militant des droits humains a appelé à l’apaisement du climat politique et à la libération des détenus pour délit d’opinion, notamment Badara Gadiaga, incarcéré depuis plusieurs jours.
Une critique des dérives politiques actuelles
C’est dans ce contexte tendu qu’Alioune Tine a relancé sa critique d’un système politique figé dans les confrontations et les règlements de compte :
« Dire que le pays va mal n’est pas un excès de langage. Les solutions sont à portée de main : construire une nation unie, confiante et conquérante. Continuer le Gatsa Gatsa-Gatsa, c’est refuser de sortir d’un monde passé, un monde de cauchemar. »
Par cette référence au style agressif et conflictuel popularisé dans certains discours politiques, Tine appelle à rompre avec l’hyperviolence verbale et l’esprit de revanche, plaidant pour une refondation démocratique et une gouvernance de réconciliation.
Vers une nouvelle ère ou une rechute politique ?
La sortie d’Alioune Tine intervient dans un moment charnière pour le Sénégal. Après une alternance politique historique en mars 2024, incarnée par l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, des voix s’élèvent pour dénoncer un glissement vers un climat d’intolérance malgré les promesses de rupture et de renouveau.
Pour Alioune Tine, la société civile a un rôle fondamental à jouer : alerter, proposer et maintenir vivante l’exigence démocratique, face à tous les pouvoirs.
La rédaction de la SENTV.info