Baccalauréat 2025 : la désaffection persistante pour les filières scientifiques alarme le ministre Abdourahmane Diouf
SENTV : Le constat est alarmant, et il émane du plus haut niveau de l’enseignement supérieur. À quelques semaines des premières épreuves du baccalauréat 2025, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf, tire la sonnette d’alarme face à la stagnation, voire à la régression, des effectifs dans les filières scientifiques et techniques.
166 400 candidats inscrits, mais trop peu en sciences
Avec 166 400 candidats inscrits cette année, le baccalauréat sénégalais confirme une tendance haussière sur le plan quantitatif. Mais derrière ce chiffre se cache un déséquilibre préoccupant. Seuls 16% des élèves se sont orientés vers les séries scientifiques, selon les données officielles relayées par Le Soleil.
Ce pourcentage est en baisse continue : 16,62% en 2024, 16,39% en 2023, après avoir péniblement stagné au fil des années. «Cette désaffection fragilise les ambitions nationales en matière d’innovation, d’industrialisation et de développement durable», a averti le ministre, en marge d’un atelier national de renforcement de capacités des présidents de jury.
Les filières techniques aussi en recul
La situation est encore plus préoccupante du côté des séries techniques. Longtemps marginalisées dans l’offre éducative, elles continuent de perdre du terrain. En 2025, seulement 2,07% des candidats sont inscrits dans ces filières, contre 2,14% en 2024, 2,19% en 2023, et 2,28% en 2021.
Cette tendance baissière, que certains experts qualifient de «désastreuse», compromet directement la formation de compétences techniques locales, pourtant essentielles pour accompagner les grands chantiers du pays, du pétrole et gaz à l’agriculture de précision.
Un défi pour la réforme éducative
«Le manque d’attractivité des filières STIM (Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques) n’est pas seulement une question de choix d’élèves, c’est aussi une défaillance structurelle de notre système éducatif», a reconnu Abdourahmane Diouf.
Pour inverser la tendance, le ministère dit vouloir renforcer l’orientation dès le collège, moderniser les équipements scientifiques dans les lycées, former davantage d’enseignants qualifiés et sensibiliser les familles aux débouchés réels de ces parcours.
Une bataille culturelle autant que pédagogique
Dans un pays où les séries littéraires restent très prisées pour des raisons socioculturelles et de disponibilité d’enseignants, changer les mentalités s’annonce complexe. Mais pour Abdourahmane Diouf, le virage est inévitable : «Aucune nation émergente ne s’est développée sans capital humain scientifique solide.»
Le message est donc lancé : il ne s’agit plus simplement d’obtenir un diplôme, mais de bâtir un avenir tourné vers la science et la technologie. La réforme du baccalauréat et de l’orientation scolaire s’impose désormais comme un levier stratégique pour la compétitivité nationale.
La rédaction de la SENTV.info