Bras de fer institutionnel : Me Moussa Bocar Thiam recadre vigoureusement l’UMS

0

SENTV : Moins de vingt-quatre heures après la sortie de l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS), Me Moussa Bocar Thiam a apporté une réplique ferme au communiqué de l’association, qui dénonçait sa saisine de l’Inspection Générale de l’Administration Judiciaire (IGAJ). L’ancien ministre de la Communication et actuel maire de Ourossogui accuse l’UMS d’avoir réagi « hors de propos » et sans l’avoir préalablement interpellé.

« L’UMS n’a pas qualité pour apprécier la recevabilité d’une dénonciation »

Dans un texte sans équivoque, Me Thiam souligne que l’organisation professionnelle s’est exprimée sur un terrain qui ne relève pas de ses prérogatives.

« Il n’appartient pas à l’UMS d’apprécier l’opportunité, la recevabilité ou le bien-fondé d’une dénonciation qui ne lui est pas adressée. L’IGAJ fera son travail dans la limite de ses compétences, encadrées par l’article 3 de la loi 98-23 du 26 mars 1998 », déclare-t-il.

L’avocat affirme par ailleurs que l’UMS aurait dû l’informer, ainsi que l’Ordre des avocats, avant toute sortie médiatique.

Le cas Idrissa Diarra au cœur de la polémique

Le différend trouve son origine dans les reproches formulés par Me Thiam contre le magistrat Idrissa Diarra, que l’UMS a présenté comme un « magistrat irréprochable ». L’ancien ministre maintient néanmoins ses accusations, évoquant des situations de détention jugées « inhumaines ».

Il cite notamment le maintien en prison d’un détenu « agonisant » ainsi que celui de l’épouse du journaliste Madiambal Diagne, « en chaise roulante et mourante ».

« Ces agissements intuitu personae constituent un manquement aux devoirs de son état, à l’honneur, à la délicatesse et à la dignité de ses fonctions », soutient-il, rappelant que plusieurs organisations de la société civile et le Conseil national des droits de l’homme se sont déjà alarmés de certaines décisions.

De nouvelles démarches annoncées

L’ancien ministre indique qu’il saisira prochainement la Chambre disciplinaire du Conseil supérieur de la Magistrature, ainsi que la Cour de justice de la CEDEAO, pour dénoncer ce qu’il considère comme des « traitements inhumains et dégradants » infligés à des personnes « présumées innocentes ».

Il insiste sur le fait que ses critiques ne visent qu’un seul magistrat, et non le corps judiciaire dans son ensemble.

« La solidarité de corps est inopérante. Aucun magistrat ne fait siens les agissements de Monsieur Idrissa Diarra », affirme Me Thiam, appelant l’Ordre des médecins, l’Ordre des avocats, les organisations de défense des droits humains et l’Union Internationale des Avocats (UIA) à réagir.

« Je ne m’adresse ni au corps des magistrats, ni à l’UMS »

Souhaitant dissiper tout amalgame, Me Thiam dit maintenir un « profond respect » pour la magistrature :

« Je voue un respect infini à ce corps et m’incline devant certains qui se sentent affectés par mes propos », précise-t-il.

L’UMS accusée d’un silence sélectif

Dans sa contre-attaque, Me Thiam reproche également à l’UMS son mutisme face aux propos tenus par Ousmane Sonko le 8 novembre 2025, lors d’un rassemblement public, où ce dernier accusait certains magistrats de « saborder le travail du pool judiciaire et financier ». Le leader politique avait aussi appelé à « nettoyer la justice », visant notamment le Conseil constitutionnel, la Cour suprême et la Cour d’appel.

Selon Me Thiam : « Les Sénégalais attendaient la réaction de l’UMS. Elle est restée muette, ratant l’occasion de rappeler à l’ordre quelqu’un qui jetait un discrédit notoire sur l’institution judiciaire. »

Il s’étonne dès lors que l’UMS choisisse de s’en prendre à lui, « alors qu’il s’indigne, comme tous les Sénégalais, du traitement infligé à Farba Ngom, risquant une mort subite en plein sommeil selon des expertises commanditées par le magistrat incriminé ». *

- Advertisement -

commentaires
Loading...