SENTV : Le conflit entre Thierno Alassane Sall, ancien ministre de l’Énergie, et l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER) prend un nouveau tournant. Quelques jours après que le président du parti La République des Valeurs a saisi le pool judiciaire financier pour des soupçons d’irrégularités autour d’un marché d’électrification financé par la banque espagnole Santander, l’agence publique annonce à son tour une contre-plainte.
Invité ce vendredi sur le plateau de Walftv, Ousmane Noreyni Gueye, responsable de la communication numérique de l’ASER, a confirmé que l’agence allait porter plainte directement contre Thierno Alassane Sall, en lien avec un projet d’électrification rurale signé en 2016, à l’époque où ce dernier dirigeait le ministère de l’Énergie.
Le marché en question, confié à l’entreprise Myna Distribution, portait sur l’électrification de 1 144 villages pour un montant global de 60 milliards de francs CFA. Mais selon le directeur général de l’ASER, Jean Michel Sène, seuls 368 villages auraient été effectivement raccordés, malgré un décaissement déjà estimé à 45 milliards.
« Il est temps que Thierno Alassane Sall s’explique sur les conditions d’exécution et de suivi de ce programme », a affirmé le directeur de l’agence, pointant des zones d’ombre dans l’attribution et le contrôle du projet.
Ce nouvel épisode judiciaire illustre la tension croissante entre l’ancien ministre et l’actuelle direction de l’ASER, dans un contexte où la gouvernance des projets d’électrification rurale est scrutée de près. Le Sénégal, engagé dans une stratégie d’accès universel à l’électricité, mobilise des financements externes considérables, notamment en provenance de bailleurs européens.
De son côté, Thierno Alassane Sall accuse depuis plusieurs semaines certaines entités de l’État d’avoir détourné ou mal utilisé des fonds dans le cadre d’un autre projet, financé par Santander, et déposé une plainte contre X pour faire la lumière sur la gestion de ce marché.
La décision de l’ASER de riposter par voie judiciaire est perçue par certains observateurs comme une stratégie de défense offensive, visant à renverser la charge médiatique sur son principal accusateur. D’autres y voient les prémices d’une série de règlements de comptes dans un environnement politique de plus en plus polarisé, à l’approche de nouvelles échéances électorales.
la rédaction de la SENTV.info