Budget 2026 du MEPC : cap sur la transformation économique dans un contexte de dette sous tension

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SENTV : Les députés ont adopté, à la majorité, le projet de budget 2026 du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération (MEPC), à l’issue d’une séance marquée par des débats nourris à l’Assemblée nationale. Au cœur des échanges : la situation macroéconomique du pays, la soutenabilité de la dette publique et les perspectives de relance portées par l’État.

Présentant les grandes lignes de son projet, le ministre Abdourahmane Sarr a indiqué que le budget 2026 s’inscrit pleinement dans la Stratégie nationale de développement 2025-2029 et l’Agenda « Sénégal 2050 ». L’ambition affichée est de bâtir une économie endogène, résiliente et compétitive, capable de soutenir une croissance durable et inclusive.

Revenant sur les réalisations de l’exercice 2025, le ministre a notamment mis en avant la mise en place d’une banque de projets estimée à 3 300 milliards de FCFA, ainsi que les progrès enregistrés dans la production de statistiques économiques fiables et dans la structuration des Partenariats public-privé (PPP). Pour 2026, les priorités porteront essentiellement sur l’accélération de la transformation économique et le renforcement de l’appui au secteur privé, présenté comme un moteur essentiel de la création de richesse et d’emplois.

Dette publique : transparence et crédibilité financière

La question de l’endettement a occupé une place centrale dans les discussions. Abdourahmane Sarr a révélé que la dette publique de l’État central atteignait 119 % du produit intérieur brut (PIB) à fin 2024, soit près de 23 000 milliards de FCFA. En intégrant certains engagements additionnels, ce ratio pourrait s’établir à 132 % du PIB.

Ces chiffres, selon le ministre, résultent d’un exercice de clarification rendu nécessaire par des audits ayant mis en évidence des données inexactes communiquées par le passé. Cette situation a, de fait, retardé l’ouverture d’un dialogue formel avec le Fonds monétaire international (FMI). Il a toutefois assuré que le gouvernement est engagé depuis près de 18 mois dans des échanges soutenus avec l’institution de Bretton Woods afin de restaurer la crédibilité financière du pays.

Dans cette dynamique, l’exécutif prévoit une trajectoire de consolidation budgétaire visant à ramener le déficit de 7,8 % du PIB en 2025 à 5,4 % en 2026, puis à 3 % en 2027.

Financement, fiscalité et Plan de redressement

Pour couvrir les besoins de financement globaux de l’État, estimés à environ 6 000 milliards de FCFA, le ministre a mis en avant trois leviers principaux : l’ajustement budgétaire, l’élargissement de l’assiette fiscale et l’augmentation des recettes dans le cadre du Plan de redressement économique et social (PRES).

S’agissant de la pression fiscale, appelée à passer de 20 % à 23 % du PIB dans le projet de budget 2026, le ministre a expliqué cette évolution par les réformes prévues dans le PRES, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et l’introduction de nouvelles taxes, comme celle sur les jeux de hasard. Il a assuré que ces mesures n’auront pas d’impact négatif sur les revenus des ménages. Le ministre des Finances et du Budget a, pour sa part, confirmé cette approche concertée et souligné l’existence d’un potentiel fiscal encore insuffisamment exploité au Sénégal.

Franc CFA et compétitivité économique

Interpellé sur l’avenir du franc CFA, Abdourahmane Sarr a rappelé que des réformes institutionnelles majeures ont déjà été actées, notamment la fin du dépôt des réserves de change au Trésor français et le retrait de la France des instances de gouvernance. Selon lui, le changement de dénomination de la monnaie relève désormais de la seule souveraineté des États membres, tandis que les discussions portent essentiellement sur une éventuelle évolution du régime de change arrimé à l’euro, afin de mieux faire face aux chocs externes.

Enfin, le ministre a insisté sur l’urgence de réduire le coût de l’électricité, qu’il juge pénalisant pour la compétitivité des entreprises. La conversion progressive des centrales au gaz constitue, à cet égard, un levier stratégique pour soutenir l’industrialisation et l’attractivité de l’économie nationale.

À l’issue des échanges, jugés francs et détaillés par les parlementaires, l’Assemblée nationale a donné son feu vert au projet de budget 2026 du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération.

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