Climat social sous tension : la CNTS somme l’État de respecter « sans délai » le Pacte social

SENTV : À l’occasion du 14e congrès de la section CNTS de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), tenu ce samedi dans la commune de Richard-Toll, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro, a adressé un appel sans équivoque au gouvernement sénégalais. Il exige la mise en œuvre immédiate des engagements pris dans le cadre du Pacte social conclu avec les syndicats il y a près de six mois.

Un pacte en souffrance

Ce Pacte social, qui avait été salué à sa signature comme une avancée majeure pour le dialogue social au Sénégal, semble aujourd’hui connaître un retard préoccupant dans son application. Selon Mody Guiro, les engagements convenus restent « largement lettre morte », ce qui suscite inquiétudes et frustrations dans les rangs syndicaux.

« Il est temps que le gouvernement traduise ses promesses en actes concrets. L’État ne peut pas se permettre de trahir la confiance des travailleurs », a-t-il martelé devant les délégués syndicaux réunis sous le thème « Unité et mobilisation ».

Menaces sur l’emploi et crispations à la veille de la rentrée scolaire

Le leader syndical a notamment pointé du doigt la poursuite des licenciements dans plusieurs entreprises, dénonçant une gestion du travail dictée, selon lui, par des logiques imposées de l’extérieur. « Les travailleurs ne peuvent pas continuer à servir de variable d’ajustement aux politiques économiques inspirées par les bailleurs de fonds », a-t-il dénoncé.

À quelques jours de la rentrée scolaire, Mody Guiro a également mis en avant les tensions persistantes dans le secteur de l’éducation, rappelant les engagements non tenus envers les enseignants — en particulier les décisionnaires —, ainsi que les problématiques des quotas territoriaux et autres points sensibles restés sans suite.

Focus sur la CSS : entre avancées et frustrations

S’agissant de la Compagnie sucrière sénégalaise, hôte de ce congrès, le secrétaire général de la CNTS a salué les efforts en matière de production et de stabilité. Toutefois, il a souligné que plusieurs revendications des travailleurs n’ont toujours pas été satisfaites, notamment les questions de promotion interne, de primes non versées et d’application des droits liés à la retraite à 60 ans.

Tout en reconnaissant les défis économiques globaux — allant des séquelles du Covid-19 à la guerre en Ukraine, en passant par les tensions géopolitiques récentes — le syndicaliste a rappelé que ces facteurs ne doivent pas servir d’alibi à l’inaction.

Des signaux positifs, mais jugés insuffisants

Le patron de la CNTS a toutefois salué la réaction récente du gouvernement, notamment l’initiative du ministre de la Fonction publique ayant convoqué une rencontre avec les partenaires sociaux, ainsi que la publication d’une circulaire du Premier ministre invitant à l’intégration des engagements sociaux dans la préparation budgétaire.

« C’est un pas dans la bonne direction, mais cela ne suffit pas », a estimé Mody Guiro. Selon lui, seule une mise en œuvre rapide et effective des mesures prévues dans le Pacte social permettra d’apaiser les tensions et de prévenir une dégradation plus profonde du climat social.

Un avertissement clair au gouvernement

La CNTS met ainsi en garde contre les risques de rupture du dialogue social si des « décisions concrètes et urgentes » ne sont pas prises dans les jours à venir. Pour Mody Guiro, le respect des accords signés n’est pas une faveur, mais une exigence de justice sociale et de stabilité nationale.

« Le monde du travail ne peut plus attendre. L’heure est à l’action », a-t-il conclu.

La rédaction de la SENTV.info