Commission ad hoc : Moustapha Diop en solo, Ndèye Saly Diop Dieng offensive – Deux styles, une même ligne de défense
SENTV : La semaine a été marquée par les auditions successives de deux anciens membres du gouvernement devant la commission ad hoc chargée d’étudier la levée de leur immunité parlementaire. Moustapha Diop, ex-ministre du Développement industriel, et Ndèye Saly Diop Dieng, ancienne ministre de la Femme, ont chacun adopté une posture défensive, mais avec des approches distinctes.
Moustapha Diop : la solitude comme ligne de conduite
Auditionné en fin de journée, aux alentours de 17h30, Moustapha Diop a surpris les membres de la commission en décidant de se défendre seul, sans assistance juridique. Dès l’ouverture de la séance, l’actuel maire de Louga a exprimé sa perplexité quant à l’absence de pièces justificatives à l’appui des accusations relayées dans la lettre du ministère de la Justice.
S’appuyant uniquement sur sa propre argumentation, il a réfuté les principaux griefs à son encontre. L’un des points les plus sensibles porte sur le rôle présumé de Mamadou Bamba Amar, présenté comme mécanicien. Moustapha Diop a clarifié : « Il ne s’agit pas d’un mécanicien, mais de mon chauffeur-coursier, qui était mandaté pour des retraits de fonds dans le cadre de ses fonctions administratives. »
Concernant le transfert controversé de 2,5 milliards FCFA vers une banque privée, il a affirmé que cette opération avait été « formellement validée par le ministère des Finances » et que « tous les fournisseurs ont été payés dans les règles ». Il a également balayé les insinuations de favoritisme dans l’attribution de marchés publics : « Aucun prestataire ne m’a jamais accusé ou impliqué dans une quelconque procédure frauduleuse. »
Ndèye Saly Diop Dieng : une défense structurée et offensive
La veille de sa plénière prévue à l’Assemblée nationale, Ndèye Saly Diop Dieng a fait face à la commission ad hoc avec une stratégie résolument plus offensive. Mise en cause dans le cadre de la gestion des 1 000 milliards FCFA du fonds Force Covid-19, elle a méthodiquement démantelé les griefs retenus contre elle.
L’ancienne ministre de la Femme a notamment présenté des éléments tangibles pour justifier les dépenses engagées, niant toute irrégularité dans l’exécution du plan de riposte sanitaire. Interrogée sur les paiements présumés multiples d’aides sociales, elle a fourni des documents montrant la conformité des opérations aux orientations stratégiques définies.
Sur les quelque 5 millions FCFA non justifiés, elle a rappelé que la conservation des pièces comptables ne relevait pas de ses attributions : « Mon rôle était d’orienter, de superviser, mais pas de gérer les justificatifs au jour le jour. » Elle a souligné n’avoir jamais été mise en cause par les corps de contrôle.
Selon des sources parlementaires, les membres de la commission, à court d’arguments face à une défense jugée solide, se seraient contentés de lui suggérer d’accepter la levée de son immunité pour « mieux laver son honneur devant la justice ».
Ces deux auditions illustrent des stratégies opposées face à des enjeux similaires : l’un choisit le silence des avocats, l’autre la démonstration méthodique. Dans un contexte où la justice cherche à faire la lumière sur de possibles malversations, ces auditions ouvrent une nouvelle phase du processus, qui pourrait aboutir à des poursuites si l’Assemblée vote la levée des immunités parlementaires.
La rédaction de la SENTV.info