Couvre-feu décrété à Kayes après une attaque du JNIM : alerte sécuritaire et tensions économiques à la frontière Mali–Sénégal
SENTV : L’ouest du Mali se réveille sous haute tension. Une attaque armée attribuée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) a visé ce mardi à l’aube la localité de Diboli, dans la région de Kayes, à seulement 1,5 kilomètre de la ville frontalière de Kidira, au Sénégal. L’assaut, survenu peu avant 6h, a entraîné une réponse immédiate des autorités maliennes.
Dans un décret signé ce jour, le Gouverneur de la région de Kayes, le Général de Brigade Moussa Soumaré, a instauré un couvre-feu de 30 jours reconductible sur toute l’étendue de la région. En vigueur de 21h à 6h, cette mesure d’exception interdit toute circulation nocturne, à l’exception des véhicules des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des ambulances munies d’un ordre de mission officiel.
Tensions à la frontière et crainte d’un blocage commercial
Cette décision, bien qu’attendue au vu du contexte sécuritaire, suscite de fortes inquiétudes du côté des acteurs économiques, notamment chez les transporteurs sénégalais. Contactés par Dakaractu, plusieurs d’entre eux redoutent un ralentissement significatif des flux de marchandises entre les deux pays.
« La zone de Kayes est essentielle pour les échanges commerciaux. Un couvre-feu de cette ampleur va forcément impacter le trafic, notamment le transport de nuit, qui représente une part importante de notre activité, » témoigne un opérateur logistique basé à Tambacounda.
La frontière de Kidira–Diboli, l’une des plus actives de la région ouest-africaine, assure une part majeure du transit de produits alimentaires, de carburant et de marchandises entre Dakar et Bamako. Le moindre dysfonctionnement dans cette chaîne logistique risque de perturber les approvisionnements, notamment en cette période de tension régionale.
Renforcement sécuritaire côté sénégalais
En réaction à l’attaque, les autorités sénégalaises ont immédiatement renforcé la sécurité dans la zone frontalière. Des éléments du Groupement d’Action Rapide de Surveillance et d’Intervention (GARSI) de la gendarmerie ont été déployés, appuyés par des unités de l’armée sénégalaise stationnées dans l’est du pays.
Selon une source sécuritaire à Kidira, ces mesures visent avant tout à prévenir toute incursion ou débordement sur le territoire sénégalais, mais aussi à rassurer les populations locales, régulièrement confrontées aux échos de l’insécurité grandissante du côté malien.
« Nous sommes vigilants, mais la situation est sous contrôle. Aucun mouvement suspect n’a été détecté côté sénégalais depuis l’attaque, » assure un officier de la gendarmerie en poste à la frontière.
Une zone stratégique sous pression
La région de Kayes, longtemps épargnée par les violences djihadistes concentrées dans le centre et le nord du Mali, fait face depuis plusieurs mois à une extension progressive de la menace sécuritaire. Le JNIM, affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), multiplie les attaques dans les zones frontalières, où la présence de l’État reste fragile.
L’instauration du couvre-feu s’inscrit dans une volonté des autorités maliennes de reprendre le contrôle d’un corridor stratégique, à la fois pour la sécurité nationale et pour la stabilité économique régionale.
La rédaction de la SENTV.info