Crise dans la justice : Le Barreau alerte sur un blocage dangereux pour l’État de droit

0

SENTV : Alors que la grève dans le secteur judiciaire sénégalais entre dans son deuxième mois, le Conseil de l’Ordre des Avocats sort de son silence et lance un cri d’alarme. Dans un communiqué publié ce lundi, le Barreau du Sénégal dénonce une paralysie profonde du service public de la justice, avec des conséquences alarmantes sur les droits fondamentaux des citoyens.

Une justice à l’arrêt

Depuis début juin, les juridictions tournent au ralenti. Les greffiers, secrétaires de parquet et autres personnels judiciaires affiliés au SYTJUST (Syndicat des Travailleurs de la Justice) et à l’UNTJ (Union Nationale des Travailleurs de la Justice) poursuivent un mouvement de grève illimité, revendiquant de meilleures conditions de travail, le respect des accords signés avec l’État, et une revalorisation de leurs statuts.

Le Conseil de l’Ordre, jusque-là resté discret, alerte désormais publiquement sur une situation qu’il qualifie de « préoccupante et intenable », soulignant qu’elle porte gravement atteinte à l’accès au droit, à la sécurité juridique et aux garanties judiciaires des citoyens.

« La justice est aujourd’hui quasiment à l’arrêt. Cette paralysie touche directement les populations, notamment les plus vulnérables », déplore le Barreau.

Des conséquences multiples

Parmi les impacts les plus lourds signalés par les avocats figurent :

  • Les détentions préventives prolongées, faute de comparutions régulières ;

  • Le surpeuplement carcéral, aggravé par l’absence d’audiences de libération conditionnelle ou de jugement ;

  • La violation du droit à un procès équitable, garanti par la Constitution et les conventions internationales ;

  • Les effets économiques, notamment dans les secteurs où la justice est essentielle à la sécurité des transactions (foncier, affaires, notariat, etc.).

Un appel à la responsabilité de l’État

Le Conseil rappelle que le droit de grève est constitutionnellement protégé, mais il insiste sur la nécessité de garantir la continuité du service public, en particulier celui de la justice, considéré comme l’un des piliers de l’État de droit.

« Le droit de grève ne peut justifier une suspension prolongée de la justice. L’État doit assumer ses responsabilités, garantir l’accès à la justice et veiller au respect de l’autorité de la loi », peut-on lire dans le communiqué.

Malgré des démarches entreprises par le Barreau pour tenter de débloquer la situation, aucun progrès significatif n’a été enregistré à ce jour. Le Conseil dit réitérer sa disponibilité à jouer un rôle de médiateur dans le dialogue entre les parties.

Une crise symptomatique

Cette paralysie du système judiciaire révèle, selon plusieurs observateurs, les failles structurelles d’un secteur souvent sous-financé et peu valorisé. Elle met en évidence l’urgence d’une réforme en profondeur de la justice, afin de la rendre plus accessible, plus efficace et respectueuse des délais légaux.

À mesure que la crise s’enlise, c’est la crédibilité de l’État et la confiance des citoyens en la justice qui sont en jeu.

La rédaction de la SENTV.info 

- Advertisement -

commentaires
Loading...