Crise éclair à Matignon : Lecornu jette l’éponge, Macron face au vide politique
SENTV : Moins de 24 heures après la présentation partielle de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté ce lundi matin sa démission au président de la République, Emmanuel Macron, qui l’a immédiatement acceptée, selon un communiqué de l’Élysée.
Nommé officiellement le 9 septembre, l’ancien ministre des Armées n’aura occupé les fonctions de chef du gouvernement que durant une douzaine d’heures actives, devenant ainsi le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Une instabilité qui renforce un climat politique déjà sous haute tension depuis les législatives anticipées de juin dernier.
La nomination de M. Lecornu, figure proche du chef de l’État, avait provoqué une levée de boucliers immédiate de la part de l’opposition. À gauche comme au Rassemblement national, les critiques ont fusé, dénonçant l’absence de rupture avec la ligne macroniste, tandis que la menace d’une motion de censure se précisait.
Mais c’est au sein même de la majorité élargie que la crise a pris racine. Les Républicains, devenus pivot du fragile équilibre parlementaire, ont exprimé leur hostilité au projet gouvernemental dévoilé dimanche soir. En cause : l’absence de concessions majeures sur les dossiers sensibles, notamment l’immigration, et une répartition des portefeuilles ministériels jugée insuffisante par la droite.
Le retour au gouvernement de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie vivement critiqué pour sa gestion des finances publiques, a mis le feu aux poudres, symbolisant pour beaucoup l’absence de renouveau promis par l’exécutif.
La démission de Sébastien Lecornu intervient à la veille de sa déclaration de politique générale, prévue mardi à l’Assemblée nationale. Un rendez-vous manqué qui laisse l’exécutif dans une impasse et pose la question de la gouvernabilité du pays.
Depuis sa réélection en 2022, Emmanuel Macron a déjà nommé cinq Premiers ministres — un record dans la Ve République. Cette instabilité chronique fragilise davantage sa légitimité alors que certains élus, y compris centristes, appellent désormais à une nouvelle dissolution, voire à une remise en question de son propre mandat.
À l’Élysée, le silence prédomine pour l’heure sur la stratégie à venir. Aucun nom ne circule officiellement pour Matignon, mais la pression est maximale sur le chef de l’État, sommé de trouver rapidement une figure capable de rassembler au-delà des clivages, dans un paysage parlementaire morcelé et imprévisible.
La France s’enfonce un peu plus dans une crise politique majeure, inédite depuis des décennies. Le président est désormais seul à la manœuvre pour tenter d’éviter l’enlisement.