Crise judiciaire internationale : Mame Mandiaye Niang contre-attaque face aux sanctions américaines

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SENTV : La Haye – Pour la première fois depuis l’imposition de lourdes sanctions par les États-Unis, Mame Mandiaye Niang, procureur adjoint à la Cour pénale internationale (CPI), s’exprime publiquement. Dans un entretien exclusif accordé à Emedia, le haut magistrat sénégalais dénonce des représailles politiques et alerte sur les conséquences de telles pressions sur l’indépendance de la justice internationale.

Une riposte maîtrisée, un ton ferme.
Silencieux depuis l’annonce des sanctions le visant personnellement, Mame Mandiaye Niang est sorti de sa réserve. Dans ses déclarations, il refuse de céder à la panique et défend son intégrité professionnelle :

« Je reste serein avec le sentiment que je ne fais que mon travail », affirme-t-il, insistant sur le soutien constant des institutions sénégalaises et de ses compatriotes.

Le 4 avril 2025, le Département d’État américain a annoncé des sanctions contre plusieurs responsables de la Cour pénale internationale, dont Mame Mandiaye Niang, en raison des enquêtes menées par la CPI sur des crimes présumés commis dans les territoires palestiniens, incluant des accusations visant des responsables israéliens. Washington, fidèle à sa politique de non-coopération avec la CPI lorsqu’elle vise ses alliés, justifie ces mesures par une « défense des intérêts nationaux ».

Les sanctions sont lourdes : gel des avoirs sur le sol américain, suspension de tout visa d’entrée, et exclusion du système bancaire international via Visa, Mastercard et American Express. Une véritable asphyxie financière pour les personnes visées.

« Toute institution effectuant des transactions en dollars ou ayant des liens avec les États-Unis est sommée de me couper tout service. Cela peut être terrible », alerte le magistrat.

Pressions invisibles et menaces directes.

Plus inquiétant encore, Niang évoque des menaces émanant de certains services de renseignement, sans toutefois citer de pays. Ces intimidations sont, selon lui, destinées à entraver son action au sein de la juridiction internationale.

« En tant que magistrat, je sais qu’il est dans l’essence de ma fonction de contrarier des puissants. J’ai appris à y faire face. »

Un message à la communauté internationale.
Malgré le harcèlement diplomatique, le procureur adjoint refuse de plier :

« Nous resterons debout et servirons la justice pénale internationale, comme nous l’avons fait pour la justice de notre pays. »

« Si nous cédons face aux difficultés, ce sera le règne absolu de la tyrannie. Et cela n’est pas acceptable. »

Le symbole d’une justice attaquée.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’indépendance des juridictions internationales face aux grandes puissances. Elle met aussi en lumière le courage de magistrats qui, au péril de leur sécurité et de leur stabilité personnelle, persistent à faire leur devoir dans des contextes géopolitiques extrêmement sensibles.

Le cas Mame Mandiaye Niang dépasse la simple affaire individuelle. Il illustre la fragilité de la justice internationale quand elle devient une cible politique. Le silence du Conseil de sécurité et la réaction encore timide des partenaires européens posent la question : jusqu’où la CPI peut-elle agir en toute indépendance face aux géants diplomatiques ?

La rédaction de la SENTV.info

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