Crise silencieuse à la Maison de la Presse : le CORED suspend ses activités, faute de budget

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SENTV : L’organe chargé de veiller à l’éthique dans les médias sénégalais a mis la clé sous la porte, dénonçant une absence prolongée de financement public. Un arrêt brutal qui pose la question du soutien réel de l’État à l’autorégulation du secteur médiatique.

Le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les médias (CORED) a annoncé, lundi 24 juin 2025, la suspension de ses activités administratives « jusqu’à nouvel ordre », évoquant de graves difficultés financières.
Logé à la Maison de la Presse Babacar Touré, le CORED n’a plus les moyens de payer son personnel ni de poursuivre ses missions quotidiennes. Dans un communiqué transmis à la presse, l’institution tire la sonnette d’alarme, précisant que ses agents permanents « ont supporté 14 mois d’arriérés de salaires », sans issue en vue.

Cette décision survient alors que l’institution n’a reçu aucun décaissement du Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP) pour les exercices 2024 et 2025, malgré les garanties prévues dans les articles 46 et 53 du Code de la presse sénégalais. Le CORED rappelle que ces ressources étaient censées assurer la continuité de ses activités, notamment le fonctionnement de son Secrétariat permanent.

« C’est une situation inédite et extrêmement préoccupante pour l’avenir de l’autorégulation dans notre pays », alerte un membre du Directoire contacté sous anonymat. « Si même le CORED s’arrête, quel signal envoie-t-on aux professionnels et au public quant à l’exigence d’un journalisme responsable ? »

Une régulation affaiblie, un secteur fragilisé

Créé en 2008 et renforcé par le Code de la presse de 2017, le CORED joue un rôle central dans l’encadrement éthique de la profession journalistique au Sénégal. Sa mission : recevoir les plaintes du public, statuer sur les manquements déontologiques, et formuler des recommandations. Mais cette autorité morale opère avec des moyens limités, reposant principalement sur le bénévolat de ses membres du Bureau, du Directoire et du Tribunal des pairs.

La mise en veille du Secrétariat permanent — seul organe doté de personnel salarié — fragilise la structure toute entière. Elle limite notamment sa capacité à recevoir les plaintes, à tenir des audiences, à produire des avis, et à jouer son rôle de vigie dans un paysage médiatique marqué par les dérives informationnelles.

Un appel aux autorités et à la solidarité du secteur

En toile de fond, cette fermeture relance le débat sur le financement durable et indépendant des organes d’autorégulation. Le CORED ne demande pas un traitement de faveur, mais simplement l’application du cadre juridique en vigueur.

La rédaction de la SENTV.info 

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