SENTV : Le Tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict ce mercredi 4 juin dans une affaire mêlant militantisme politique, propos injurieux et tentative de plaidoyer psychiatrique. Les activistes Azoura Fall (de son vrai nom Assane Guèye) et El Hadji Ousseynou Kaïré, tous deux réputés proches du parti dissous Pastef, ont été reconnus coupables de discours attentatoires aux bonnes mœurs après la diffusion de vidéos jugées outrageantes à l’encontre d’anciens hauts responsables de l’État.
Les faits remontent à la publication sur les réseaux sociaux de séquences vidéo où les deux hommes proféraient des insultes virulentes contre l’ex-chef de l’État, Macky Sall, et l’ancien ministre Mame Mbaye Niang. Les images, rapidement virales, avaient provoqué un tollé et conduit à leur interpellation.
À la barre, la défense a tenté d’invoquer une altération du discernement, suggérant que l’un des prévenus souffrait de troubles mentaux. Une stratégie écartée d’emblée par le tribunal. Le juge a estimé que les actes reprochés étaient clairement intentionnels, excluant toute irresponsabilité pénale : « Les propos tenus étaient structurés, répétitifs et visaient des personnes identifiées, ce qui exclut toute perte de contrôle. »
Le tribunal a finalement condamné Azoura Fall et Ousseynou Kaïré à six mois de prison avec sursis, une peine qui leur évite l’incarcération immédiate, mais qui constitue une condamnation inscrite à leur casier judiciaire. Un avertissement clair, selon l’analyse de plusieurs juristes présents à l’audience.
« Le message est double : la justice ne tolère pas l’outrance politique, mais elle fait aussi preuve de retenue en évitant la prison ferme », commente un avocat du barreau de Dakar sous couvert d’anonymat.
Ce procès s’inscrit dans un contexte post-électoral marqué par une polarisation persistante et une attention soutenue sur les prises de parole publiques. Le profil des deux prévenus, connus pour leur militantisme virulent en faveur du Pastef — dissous en juillet 2023 —, n’est pas étranger à la médiatisation de l’affaire.
Les réactions, elles, ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, des soutiens dénoncent une « criminalisation de l’opinion », tandis que d’autres saluent une décision qui, selon eux, « remet des limites à l’impunité verbale ».
La rédaction de la SENTV.info