Dakar-Plateau : le maire Alioune Ndoye tire la sonnette d’alarme et réclame une police municipale opérationnelle
SENTV : Dans une lettre publique adressée au ministre de l’Intérieur, le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, a dénoncé avec gravité l’ampleur des désordres urbains et des menaces sécuritaires qui gangrènent sa commune, pourtant située au cœur névralgique du pouvoir politique et économique du Sénégal.
Ce courrier, à tonalité solennelle et critique, révèle une accumulation d’incivilités, de négligences institutionnelles et d’insécurité chronique, que le maire dit ne plus pouvoir gérer sans l’appui d’une réponse structurelle forte de l’État.
Dans son plaidoyer, Alioune Ndoye décrit une dérive urbaine incontrôlée dans les artères stratégiques de Dakar-Plateau. Selon lui, les abords de sites aussi sensibles que le Palais présidentiel, l’Assemblée nationale, le ministère de l’Intérieur, ou encore la radiotélévision nationale, sont livrés à l’anarchie : garages sauvages, occupations illicites de la voie publique, mendicité organisée et insécurité ambiante.
« Ces troubles se déroulent à moins de 300 mètres des institutions les plus souveraines de la République », souligne-t-il, ajoutant que cette insécurité latente constitue une faille stratégique dans la gestion de la capitale.
Le maire dresse également un constat sévère sur l’état de délabrement avancé des voiries et trottoirs, souvent éventrés par des travaux non coordonnés (Senelec, Sones, Onas, télécoms, ou télésurveillance du ministère de l’Intérieur), sans remise en état systématique.
Ces fissures dans le tissu urbain deviennent, selon lui, des cachettes potentielles pour des activités illicites, tandis que l’espace public est continuellement envahi par des groupes informels : pousse-pousse, transporteurs clandestins, jeunes désœuvrés, et personnes suspectes parfois dissimulées sous des burkas intégrales.
« La gare du BRT devait marquer une rupture. Elle n’a finalement fait que déplacer le désordre, notamment sur l’avenue Blaise Diagne, transformée en parking sauvage pour minibus », regrette Alioune Ndoye.
Plus grave encore, le maire évoque la présence de groupes à risque : jeunes drogués appelés localement boudioumanes, mendicité étrangère non contrôlée, garages anarchiques à proximité des bâtiments sensibles, et absence de réaction judiciaire malgré l’implication de la police.
Il rappelle que ces failles ne sont pas théoriques : la mémoire des émeutes liées aux thiantacounes plane toujours sur Dakar. En quelques minutes, ces derniers avaient ravagé le centre-ville, illustrant la vulnérabilité persistante de la capitale.
Dans une démarche constructive, Alioune Ndoye ne se limite pas à la dénonciation. Il appelle à une réforme de fond en proposant la mise en place effective d’une police municipale, prévue par les textes, mais jamais opérationnalisée à Dakar-Plateau.
« Cette force de proximité, avec des engagements clairs de la collectivité, viendrait en appui à la police nationale dans sa mission régalienne », soutient-il.
Il plaide pour une coproduction de la sécurité, avec une présence continue, des patrouilles ciblées et une capacité d’intervention rapide dans les quartiers.
Alioune Ndoye justifie la publication de cette lettre par le silence persistant de l’État face à ses démarches précédentes, restées sans suite malgré leur urgence. En tant que maire d’une commune capitale, il estime avoir la légitimité et le devoir d’exiger une action rapide.
« Dakar-Plateau mérite une sécurité renforcée. Notre capitale politique doit être exemplaire, tant en matière d’ordre public que de qualité de vie », conclut-il.
Cette lettre intervient alors que Me Mouhamadou Bamba Cissé, récemment nommé ministre de l’Intérieur, multiplie les initiatives pour restaurer l’ordre dans l’espace public, notamment avec une campagne de lutte contre la mendicité et les occupations anarchiques à Colobane.
La balle est désormais dans le camp du ministère, qui devra trancher : continuer dans une logique exclusivement centralisée, ou ouvrir la voie à une sécurité partagée avec les collectivités locales. Le dossier est désormais sur la place publique.
La rédaction de la SENTV.com