Dérapages médiatiques : Adama Sow plaide pour une antenne responsable et un sursaut professionnel

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SENTV : Dans une tribune largement relayée sur les réseaux sociaux, le journaliste et expert en communication Adama Sow s’est exprimé avec fermeté sur les dérives récurrentes observées dans certains médias sénégalais. Réagissant à l’affaire Ngoné Saliou Diop, chroniqueuse de l’émission Sans Limites, mise en cause pour des propos jugés offensants envers la communauté pulaar, Adama Sow appelle à une prise de conscience collective face à ce qu’il qualifie de « spectacle de l’excès médiatique ».

Une parole publique sous tension

Pour le communicant, cet incident dépasse le cadre d’une simple polémique. Il s’inscrit dans un contexte plus large d’affaiblissement des garde-fous professionnels sur les antennes. « Ce n’est pas seulement un incident de plus : c’est le signe d’un malaise plus profond », écrit-il, en faisant notamment référence à l’affaire Badara Gadiaga, autre épisode ayant soulevé des interrogations sur la responsabilité des médias en direct.

Dans un ton grave, il rappelle :

« Une antenne, ce n’est pas un micro ouvert au hasard, c’est un espace public, une caisse de résonance nationale. Quand nous laissons l’improvisation, l’ignorance ou le sensationnalisme s’y installer, c’est la cohésion sociale que nous mettons en péril. »

Une exigence de formation et de régulation

Adama Sow insiste sur la nécessité urgente de renforcer la formation continue des chroniqueurs, journalistes et animateurs, affirmant que la maîtrise de l’antenne n’est pas une option, mais une obligation professionnelle et légale. Il en appelle également au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) pour faire respecter les règles de déontologie et de régulation, sans complaisance ni exception.

« Les obligations de professionnalisation doivent cesser d’être des principes théoriques. Elles doivent être appliquées avec rigueur et constance. »

Un enjeu au-delà du cas individuel

Au-delà de la polémique actuelle, Adama Sow met en garde contre une banalisation des propos stigmatisants et un affaiblissement de l’intégrité de la parole publique, facteur de division dans un pays marqué par sa diversité culturelle.

« Cette question n’est pas seulement celle des Pulaar aujourd’hui, ou d’une autre communauté demain. C’est celle de l’intégrité de la parole publique. »

En conclusion, il lance un appel solennel au sens des responsabilités dans l’usage des médias :

« Voulons-nous des antennes qui divisent ou des antennes qui élèvent ? Des micros qui blessent ou des micros qui éclairent ? Le Sénégal mérite mieux que le spectacle de l’excès. »

Le secteur audiovisuel sénégalais fait face à une multiplication d’incidents liés à des dérapages verbaux, souvent en direct, mettant en lumière les failles en matière d’encadrement éditorial, de formation et de modération. Le CNRA a été plusieurs fois interpellé, sans que des sanctions dissuasives durables ne soient systématiquement appliquées.

La rédaction de la SENTV.info

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